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LA DERNIÈRE LETTRE DE DON FRANCÈS

elle, en effet, qui avait dressé la jeunesse de Charles IX « en la splendeur des nobles et vertueuses mœurs, qui le rendent admirable et promettent de luy tout ce qu’on peult espérer d’un bon prince… » Et c’est par la justice et le respect des lois qu’il convenait de restaurer la France agitée par les séditions et les guerres civiles, Un autre jurisconsulte, Gabriel Bounyn, avocat à la cour du Parlement de Paris, lieutenant de Châteauroux en Berry, avait adressé en 1565 à Madame de Savoie, duchesse de Berry et protectrice de Michel de L’Hospital, une Harangue au Roy, à la roine et aux hommes François sur l’entretenement et la reconciliation de la paix, et entrée dudit seigneur en ses villes 1. L’ouvrage a paru, lui aussi, chez le libraire du roi, Robert Estienne. Et il semble bien que dans cette œuvre de propagande, pleine d’ardeur et d’érudition, dans cette entrée imaginaire où nous pou

reconnaître toutes les entrées, nous trouvions aux << hommes français » (le beau vocable d’un humaniste) les paroles de réconciliation que les classes moyennes et le monde des juristes ont dans leur sagesse fait entendre aux partisans. Les lois, les statuts, tels demeurent les piliers du royaume, Peste et contagion est ce qui divise ; chose sainte et aimable, ce qui unit et réconcilie. Sur l’observation des lois reposent la justice et la liberté, « sans la commune usance desquels vos manoirs royaux, vos belles citez, nos maisons et familles, voire et toute ceste monarchie confusément se subvertiroit et decherroit de fonds en comble… >> Soutenir les lois est plus important pour un prince que de mettre l’armet en tête, et faire marcher le soldat sous ses enseignes

« Car, Sire, vos subjects peuvent bien vivre en paix et

union sans mur ou rampart, mais sans loix ou statuts, paix et concorde, ne peut subsister vostre royaume. » Le théorème politique est le suivant : les hommes sont serfs des lois pour être gardés et maintenus en leurs libertés… L’orateur dénonçait l’audace effrontée des mutins, l’ambition des hommes qui minent les monarchies. S’adressant à Catherine de Médicis : « Et vous, dame, mettez y la main ouvrière… Madame, il n’y a rien si populaire que la paix… ». Et puisque vous aimez notre France, continuez tous les jours à la replanter, à l’affermir, à éloigner les orages de notre terre.

1. Bibl. Nat., 80 Lbs 157. D gitized by