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CATHERINE DE MÉDICIS

des paroles malsonnantes en présence de toute la cour, et de la reine. Mme de Vendôme s’était tellement excitée à ce sujet que Lansac lui avait dit : « Madame, n’oubliez pas que la reine très chrétienne est mère du roi, car vous lui dites des choses trop orgueilleuses ». Mme de Vendôme avait répondu de ce ton sec et pertinent qui n’appartenait qu’à elle, reine de Navarre : « Vous êtes un homme grossier, pour vous mettre entre la reine et moi, et un jour, à cause de vos paroles, vous serez obligé de tirer l’épée » !

Et s’adressant à la reine de France, la reine de Navarre ajouta : « Je suis étonnée que vous ne le faites pas châtier, pour une si grande audacel »…

Le mois de mai 1566, que la reine-mère passera à Fontainebleau, marque le triomphe de Catherine de Médicis, ou celui de son optimisme. Philippe II ne doit pas l’ignorer. C’est pourquoi elle prend la plume pour écrire à M. de Fourquevaux, notre ambassadeur en Espagne. Les nouvelles qu’elle lui donne, il ne pourra certes les trouver mauvaises : « Le Roy Monsieur mon fils est si ayse qu’il s’est assemblé de toutes les deux religions un quantité incroiable de noblesse, partye de leurs maisons et venue expressément pour le veoir et luy baiser la main, laquelle au mesme instant s’est départye. » Catherine n’ignore pas que certains ont « glosé » autrement sur l’assemblée de Moulins. Que l’ambassadeur connaisse du moins la vérité ; qu’il réplique à ceux qui répandent le bruit que la France n’est ni pacifiée, ni obéie de son roi, enfin à tous ceux qui lui en parleront, « que c’est pure menterye ». Et elle affirmait qu’elle pouvait bien avoir chez elle une politique de tolérance envers les hérétiques, puisque le roi d’Espagne montrait alors une telle mansuétude envers les Maures. Gagner du temps, laisser la décision future au roi son fils, le présenter près du chancelier comme le protecteur de la loi, tel avait été le dessein du grand voyage de Catherine de Médicis, de sa « ronde » autour de la France, comme on disait alors. Ce n’est pas fortuitement que Louis le Caron, parisien, dont nous avons fait Charondas, jurisconsulte fameux, publiera en 1566 chez Robert Estienne, l’imprimeur du roi, le Panégyrique ou oraison de louange au roy Charles VIIII nostre souverain seigneur, livre qu’il présentera également à la reine-mère ¹, C’est 1. Bibl, Nat., Lb³8 182 in-8. D gitized by