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LA DERNIÈRE LETTRE DE DON FRANCÈS

avait donné un million de francs d’aides ! La vérité était qu’on leur avait prêté treize cents francs pour faire cela, et que Charles IX allait souvent dîner chez eux. Une expédition en Floride paraissait d’ailleurs à don Francès bien improbable, puisque les cinq cents arquebusiers de la garde ordinaire du roi venaient d’être répartis entre Metz, Toul et Verdun, dans la crainte que l’Empereur s’entendît avec le Turc. Les affaires de Flandre préoccupaient beaucoup plus l’ambassadeur ; ici on était persuadé que le roi d’Espagne s’y rendrait à l’automne, ou au commencement de l’année prochaine. Ce que don Francès observait surtout à Paris, et jusqu’à l’obsession, c’était le spectacle d’une ville entièrement pervertie et hérétique. La prison du Palais, assure-t-il, est remplie de délinquants, de gens qui avaient assassiné leur femme, ou d’épouses qui avaient tué leur mari, meurtres provoqués par les affaires de la religion. En ce temps-là, on jugeait le procès d’un orfèvre, huguenot, dont la femme, une catholique, avait mis au monde un fils. L’épouse avait fait baptiser l’enfant catholiquement et le mari l’avait fait rebaptiser à la huguenote, de telle sorte que la femme vint accuser le mari, et le mari, la femme, d’appartenir à la secte anabaptiste ! Tous deux étaient alors en prison. Dans la maison de Mãe de Vendôme, on faisait des prêches publiquement, et dans d’autres endroits secrètement. Il y avait quelques jours, comme le roi sortait du Palais, l’amiral vint le chercher pour le mener dans une librairie où le marchand, grand hérétique, lui présenta un livre enluminé d’or et avec des peintures. C’était une sorte d’instruction : Comment il faut gouverner le royaume ¹, Le roi l’accepta avec beaucoup de joie, sans que les cardinaux, ni Lansac eussent dit un seul mot. Le 17, on avait publié la confirmation de l’édit d’Orléans et ce qui avait été traité à Moulins. Or tout cela n’empêchait pas la reine d’envoyer à l’ambassadeur d’Espagne des personnes empressées à lui dire que tout allait bien ! Enfin, Mme de Vendôme et Mme de Guise s’étaient déshonorées en se chamaillant comme des blanchisseuses (lavacerias) au sujet du mariage de cette dernière, ne craignant pas d’échanger 1. C’est peut-être une paraphrase du de Regimine principum. Pierre de Ronsard rédigea pour Charles IX une belle instruction en vers, qui ne choque pas l’orthodoxie.

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