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CATHERINE DE MÉDICIS

On annonçait enfin que le duc et la duchesse de Lorraine seraient ici dans six jours. La lettre du 19 mai que don Francès écrivait à Philippe II, nous montre les précautions qu’il devait prendre pour retrouver le cardinal de Lorraine et M. d’Aumale, si opposés à la réconciliation tant désirée par la reine-mère. Les rendez-vous se donnaient à une lieue de Paris, et à dix heures du soir. Si Philippe II est attentif à tout ce qui passe en Flandre, il est surveillé, lui aussi, dans la Méditerranée. Sur la nouvelle qu’il avait ordonné pour cet été une expédition contre Alger, on fit partir immédiatement par la poste le baron de Lagarde. On croyait qu’il irait à Venise. D’une manière générale, c’est plutôt l’absence de soucis que doivent montrer ici le roi et la reine. Ils étaient d’ailleurs en bonne santé et souvent on les voyait parcourir les rues de Paris, sous un déguisement, pour donner satisfaction à la population. Les Guises étaient également à Paris, mais sans se montrer beaucoup, car ils savaient que l’amiral et ses frères allaient souvent à la cour, qu’on les traitait avec la même considération que M. de Guise, quand il était vivant. L’agitation au sujet de la Floride paraissait se calmer, bien que par ordre de l’amiral on eût fait venir quarante ou cinquante femmes, veuves des Français morts en Floride, pour aller se lamenter et pleurer dans les rues de la capitale. Le connétable était, on l’a vu, malade, souvent absent de la cour, peut-être pour donner plus d’autorité à son fils Montmorency, à l’amiral et à ses frères, déjà si en faveur auprès du roi et de la reine. L’amiral avait même convoqué tous les capi+ taines et « pirates » de la Normandie et de la Bretagne, une partie de ceux de la Guyenne, qui l’avaient suivi durant la guerre passée. Une multitude de gens avaient répondu à son appel, et surtout les survivants de la Floride. Ce ne pouvait être que pour organiser une nouvelle expédition, et surtout pour aller dans les Flandres. Afin de donner de la publicité à ce projet, on voyait l’amiralet ses frères tenir des conciliabules dans la grande salle du Palais, avec M. d’Estrées ¹, capitaine général de l’artillerie, lui-même un grand hérétique. Le bruit courait à Paris que la ville leur 1. C’est le père de la célèbre Gabrielle.