Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/443

Cette page n’a pas encore été corrigée
429
LA DERNIÈRE LETTRE DE DON FRANCÈS

On essayait toujours de fléchir M. d’Aumale 1, pour l’amener à approuver la réconciliation des Guises avec les Châtillons. Espérons qu’il restera ferme ! Ici on se réjouissait que la diète d’Augsbourg fût terminée sans qu’on ait touché à la question religieuse ; car, entre temps, chacun pouvait vivre suivant sa conscience.

Lansac paraît de plus en plus en faveur auprès de la reine* ; et il semble le principal entre ceux qui veulent embrasser la confession d’Augsbourg. Lui et les siens avaient mangé publiquement de la viande pendant le carême ; cependant il demeurait toujours auprès du roi et ne le quittait presque jamais. Le jeune duc de Guise, qui venait d’avoir quinze ans, partait pour la cour de l’Empereur. Hier sa mère s’était remariée avec M. de Nemours. Mais lorsqu’ils se trouvèrent à la porte de l’église, arriva un notaire chargé de publier un protêt au nom de Mme de Rohan ; et le roi et la reine avaient dû faire dire à ce notaire de garder le silence, sinon on l’arrêterait. Il continua sa protestation, et il y eut beaucoup de confusion et de bruit. Le roi et la reine avaient fait publier une déclaration disant que M. de Nemours était dégagé de toute obligation envers Mme de Rohan. Mais le procureur avait continué son instance devant le conseil privé, affirmant que M. de Nemours, suivant les lois de France, méritait d’avoir la tête tranchée, car il avait pris de force Mme de Rohan dans la chambre de la reine et l’avait rendue enceinte. Un grand rire s’empara de Catherine de Médicis, de Charles IX et de tout le conseil ! On fit sortir le procureur. Le connétable ne se trouvait toujours pas bien, et Montmorency, gouverneur de Paris, son fils, semblait recueillir le bénéfice de sa faveur.

1. Claude de Lorraine, colonel de la cavalerie, lieutenant général en Bourgogne, le troisième fils de Claude de Lorraine, frère de François de Guise, et du cardinal de Lorraine. Il se retrouvera sur les champs de bataille de SaintDenis et de Moncontour, et fut tué devant la Rochelle d’un coup de canon en 1573. Il avait épousé la seconde fille de Diane de Poitiers et de Louis de Brezé.

2. Il a été souvent question de Louis de Saint-Gelais, baron de la Mothe Sainte-Héraye, seigneur de Lansac, et de Pressy-sur-Oise, conseiller d’État, ambassadeur à Rome en F554, surintendant de la maison de Catherine de Médicis, que l’on nommait le a hon homme » Lansac. Il se remaria, comme on le verra, cette année-là, avec Gabrielle de Rochechouart (Père Anselme). 3. Françoise de Rohan, dame de la Garnache, que Jacques de Savoie, duc de Nemours avait laissée enceinte.