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EN NIVERNAIS AU TEMPS DE PÂQUES

L² E mardi 16 avril, après un repos nécessaire à la Charitésur-Loire, on arriva à Pougny et Donzy-le-Pré, deux villages. Le lendemain on traversa Entrains, petite cité au milieu des étangs ; on coucha à la Pesselière ¹. Le 18, on traversa Quanne et sa belle campagne pour arriver à Auxerre, après avoir franchi l’Yonne. Auxerre était alors une grande et forte ville du pays de Bourgogne au milieu de ses vignobles français. Parmi ceux qui s’avançaient en armes à la rencontre du roi, les huguenots se faisaient remarquer par une bizarrerie. Ils se tenaient derrière les autorités, avec leur visage noirci au bouchon, un coutelas à la main. Ils remplissaient le rôle de Maures. Mais Charles IX cria : « Les machurés, derrière ! » Ainsi ils passèrent, humiliés, à la suite. Les princes résidèrent à l’Evêché. Le lendemain, ils se rendirent à la cathédrale pour assister à la messe. Henri de Navarre parut hésiter. Charles IX prit sa toque de velours, la jeta dans l’église et le futur Henri IV dut bien aller la ramasser. Espièglerie accoutumée ! Il faut dire que si les catholiques tenaient à Auxerre, la ville était placée entre plusieurs centres de réformés : Noyers où le prince de Condé avait un château fortifié ; Tanlay où d’Andelot avait le sien ; Châtillon-surLoing où Coligny en possédait un plus considérable encore. Ainsi 1. Le château et le moulin à vent de Pesselière sont indiqués sur la carte de Cassini, non loin de Sougères-les-Simons sur le chemin d’Auxerre. 2. Les noircis, les barbouillés.