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CATHERINE DE MÉDICIS

saient tout pour développer l’hérésie. Car les Flamands leur semblaient être des gens faciles à soulever. Que Votre Majesté y prenne bien garde, ajoutait don Francès, On savait en France, par le bruit qui en avait couru, que le roi d’Espagne devait se rendre à Nice. Or, à cette époque, Nice était la tête de route de l’itinéraire que suivaient les Espagnols pour gagner les Flandres. Ils débarquaient dans ce petit port les soldats et les forces qui cheminaient ensuite à travers la Savoie, la Franche-Comté, et longeaient la Lorraine pour retrouver les Flandres. De là l’importance de Nice, et l’alliance de la maison de Savoie avec le roi d’Espagne. Tandis que les Français célébraient la Pâque catholique au cœur de la France, du monastère de Notre-Dame d’Espérance, Philippe II envoyait à don Francès des instructions explicites sur ses intentions et sur ses volontés : « Je commencerai par le point principal : l’état de la religion en France, et les remèdes qu’il faut y apporter. J’approuve votre énergie ; de mon côté, j’ai dit à Fourquevaux qu’il écrive à la reine de ma part que je ne peux pas manquer de lui signaler l’état malheureux de la religion. J’ai parlé à Fourquevaux, comme on pouvait le faire, puisqu’il ne fut pas de ceux qui assistèrent à l’entrevue de Bayonne, et qu’il n’était pas au courant de la décision prise dans cette ville. Ainsi il n’a pu me répondre à ce sujet. « Vous avez très bien parlé au sujet de la Floride. J’en ai dit autant à Fourquevaux qui me signalait la cruauté des Espagnols. On ne pouvait pas procéder autrement. L’ambassadeur de France s’était bien fâché, disant que les Français n’étaient pas des pirates, qu’ils étaient allés sur l’ordre du roi dans une terre conquise par eux qu’on nomme l’Ile des Bretons. Le duc d’Albe lui avait répondu : « La reine-mère a commis deux erreurs. D’abord elle a envoyé les soldats du roi son fils là où il ne fallait pas les envoyer ; ensuite, elle n’a pas donné une réponse claire et nette, lorsque je lui demandais de châtier les coupables. » Le duc d’Albe avait ajouté que lorsque moi, Roi Catholique, je leur proposais de l’argent et des soldats pour organiser leur royaume, et le mettre en meilleur ordre, ils ne l’avaient pas fait ; et en même temps, le roi de France avait envoyé ses soldats pour conquérir des terres qui m’appartenaient. Vous pouvez reparler de cette affaire de la Floride, en répétant les mêmes arguments, c’est-à-dire que le roi s’accuse pour excuser l’amiral,