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EN AUVERGNE

On s’arrêta au Mont-Dore, le dernier jour de mars, longeant le bord d’un grand lac, célèbre par l’abondance de ses poissons, of l’on pêchait les meilleures brêmes. On arrive enfin à Clermont que le Puy-de-Dôme surmonte. La légende disait qu’au fond du gouffre de la haute montagne, se formait la foudre ; il est vrai que les orages, si fréquents l’été, couchaient les blés dans le creux des vallées. Et durant le séjour que Charles IX fit à Clermont, il ne manqua pas de visiter la fontaine qui jaillissait hors de la ville du rocher qu’elle avait creusé et semblait alors une grande curiosité. A la vérité, Clermont demeurait encore une ville rurale, en débat avec Montferrand, mais habitée par de fort bons chrétiens, préoccupés surtout de leurs foires, des adjudications à la chandelle, de la récolte et de la vente des moissons. Or à l’occasion de l’entrée de Charles IX à Clermont, on lui présenta la célébrité du lieu. C’était le principal du collège. Appelé à l’Hôtel de Ville, il exposa qu’ayant composé une tragédie jouée à Clermont, il s’occupait de la mettre au net afin de la communiquer à plusieurs chanoines de la cathédrale. Il désirait savoir si, avec leur permission, cette pièce pourrait être représentée. Le principal était François Pezant, auteur célèbre d’un grand nombre de Noëls en patois qui connurent en leur temps beaucoup de succès. Charles IX complimenta le compositeur. On quitta Clermont pour gagner Montferrand (2 avril), gracieuse cité construite en pierres de lave, presque noires, mais avec des logis élégants, à la mode nouvelle d’Italie. Car l’Auvergne a eu de bonne heure ses humanistes, ses adorateurs de l’antiquité. Devant le logis du roi on donna une fête triomphale, et de fort belles filles parurent pour y danser. Une curiosité du voisinage était la fontaine faisant « la poix aussi naturelle que l’on pouvait voir » >. Le 3 avril, on partit pour Riom, autre jolie petite ville. On déjeuna à Saint-Bonnet, un pauvre village, avant d’arriver à Aigueperse, petite cité rurale, tout en longueur. La campagne est ici une des plus riches de France, le centre de l’élevage des vaches et des porcs. Tel est le bien de Louis de Montpensier, seigneur très catholique. C’est ici le lieu de naissance de Michel de L’Hospital. Le chancelier était né, quelque part, dans la petite ville à la longue rue marchande, au pied de la motte de Montpensier, sur CATHERINE DE MÉDICIS

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