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TROIS BONNES CHOSES, TROIS MAUVAISES

avaient construit Charlesfort, du nom de Charles IX. En 1565. les Espagnols s’en étaient emparés, détruisant, on l’a vu, la colonie. Et Nicolas Durand, seigneur de Villegagnon, vice-amiral dans la baie de Rio-de-Janeiro, avait fondé Henryville et Fort Coligny dans la « France antarctique ». On voit que Coligny n’a pas été un amiral en titre, mais l’un des rares Français qui aient eu la vision d’une Nouvelle France, comme il se montra par la suite le partisan d’un programme français et royal dans sa résistance à la politique de Philippe II. La présence du capitaine de Laudonnière ne pouvait que réveilIer les passions à propos de la Floride, les uns affirmant que le Roi Catholique avait fait tuer les Français, et qu’ils seraient déshonorés si on n’en tirait pas vengeance », Le capitaine criait en effet vengeance et tous ceux qui restaient à la cour se passionnaient pour l’affaire. L’on voyait ceux que don Francès nommait « les pirates » tenir leurs conciliabules et traiter fort secrè tement de la question. Don Francès s’intéressa surtout à un certain Espagnol, serviteur de Laudonnière, et s’aboucha avec lui. L’Espagnol lui raconta qu’il était un pauvre homme qu’un naufrage avait jeté sur les côtes de la Floride. Les sauvages avaient tué et mangé tous les matelots, à l’exception d’une quinzaine. Apprenant qu’au fort de Floride il y avait des chrétiens, il s’y était rendu et avait suivi les Français en qualité de « < truchement ». Le cardinal de Bourbon s’intéressait aussi à cet interprète. C’était pour lui demander s’il y avait de l’or et des perles en Floride ; si la terre était bonne pour produire du vin. Les Français prenaient sous leur protection cet Espagnol informé. Don Francès jugea bon de mettre la main dessus. Le jour du départ de Moulins, on ne le retrouva pas. Il avait été expédié à la cour d’Espagne par la voie des Flandres, afin de détourner toutes recherches.

Il y avait comme un mot d’ordre, exaspérant pour l’ambassadeur, de lui répéter toujours que tout allait bien. C’est ce que le connétable venait lui faire dire tous les jours. Il est vrai qu’ayant accompagné pendant quelque temps ses neveux, les Châtillons, le cardinal de Lorraine aurait pu en son absence reprendre plus d’autorité. Mais, lui aussi, venait répéter à don Francès que les choses de la religion allaient bien. L’ambassadeur se fit narquois :

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