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LA FOI VA DISPARAÎTRE

lança dans un long discours que l’ambassadeur d’Espagne estima prolixe et de peu de substance. Don Francès jugeait l’ambassadeur de Portugal, qui était en ce moment à la cour, un homme si français par l’esprit qu’on aurait pu le prendre pour un Parisien. Bien qu’il fût appelé pour traiter certaines affaires concernant les navires, il s’occupait surtout d’autres choses, car il voyageait beaucoup, tantôt à Paris, tantôt à Châtillon ; et ici il avait rendu plus de quatre visites à l’amiral. Longtemps sur ses gardes avec don Francès, l’ambassadeur lui avait dit un jour : « Je sais que Sa Majesté votre maître voudrait empêcher le mariage de ce roi avec Élisabeth pour la marier plutôt avec le roi de Portugal, mon seigneur, ce qui ne convient pas du tout à ce royaume, car il serait plus avantageux de lui faire épouser Mme Marguerite, puisqu’ici trois couronnes seraient apparentées. » Puis l’ambassadeur de Portugal l’importuna par un long récit relatif à la grandeur de sa nation. Don Francès se contenta de l’assurer de l’affection que portait également le Roi Catholique à son maître et au roi de France.

L’ambassadeur d’Espagne avait pu parler enfin au cardinal de Lorraine, qui lui raconta comment la reine l’avait envoyé chercher pour l’entretenir de l’accusation portée contre l’amiral au sujet de l’assassinat de M. de Guise ; et comment elle lui avait promis qu’il resterait toujours auprès du roi. Quant à Mme de Guise, on l’assura que le roi ferait de telle sorte que le procès qu’avait M. le duc de Nemours serait accéléré, qu’il deviendrait bientôt libre, et que son mariage avec Mme de Guise aurait lieu dans cette ville même, le plus tôt possible. Le bruit courait toujours que le Turc, cette année, ne conduirait pas sa flotte à l’attaque, mais à la défense, et que luimême, avec toutes ses forces, viendrait par la voie de terre. La reine lui avait dit à ce sujet : — Plus de sept cents gentilshommes se rendent à Malte. Mais on leur a mandé de rentrer. Il n’y a aucune raison pour nous de rompre l’alliance avec le Turc. — Si vous le faisiez, ce serait cependant pour la plus grande utilité de la Chrétienté. Charles IX intervenait à son tour : — Madame, pourquoi dites-vous cela ? Moi, je voudrais les voir tous au fond de l’eaul D gitized by