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L’AUDIENCE

L’AUDIENCE 405

Non, c’est une terre de mon fils qu’on appelle l’ile des Bretons. —

Tout cela n’est que la frontière de cette région. Charles IX se leva vivement et cria : —.

— Regardez la carte, regardez la carte ! — Je l’ai vue. Là devrait se trouver le titre que votre mère prétend que vous avez sur cette terre. Mais la reine recommença aussitôt à parler de la cruauté commise envers ses gens, et ne parla que de cette cruauté. Sur quoi don Francès recommanda à Philippe II de ne jamais rien dire à l’avance à l’ambassadeur français, qui les prévenait aussitôt, la reine ayant des réponses préparées à tout ce qu’on lui proposait. Il était préférable de la surprendre, car alors elle se montrait plus embarrassée, découvrant mieux son véritable esprit.

Don Francès continua de la poursuivre : — En Normandie, on arme six navires, et à Rouen se trouve un navire chargé de marchandises pour aller aux Indes y faire secrètement commerce avec les indigènes. Catherine se fâcha d’une étrange manière : — Mais c’est une tyrannie de vouloir empêcher que mes sujets fassent le commerce !

— Oui, Madame, et le roi votre fils en sera très content, car il ne voudra pas que ses sujets se rendent dans des terres interdites. Au

sujet de Sampierro, le Corse, don Francès attaqua aussi fortement. Catherine répondit : — Ce sont de faux bruits, et s’il en était autrement nous n’aurions pas tenu la parole donnée au Roi Catholique, ce qui nous serait impossible !

Mais la reine rit beaucoup à l’idée que Henri duc d’Anjou aurait voulu prendre Sampierro sous sa protection. Car la fin de cette conversation fut douce, Catherine passant facilement des larmes au rire, et de la colère à la caresse. Elle dit finalement à l’ambassadeur :

— Maintenant allez, que Dieu soit avec vous, car en somme vous êtes notre ami !