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CATHERINE DE MÉDICIS

Catherine ayant fait dire à don Francès qu’elle pourrait lui parler, l’ambassadeur répondit : « Puisque votre fils va mieux, il est préférable que ce soit en sa présence. » La reine sembla fâchée, mais s’exécuta. Don Francès déclara : J’ai reçu de Sa Majesté des lettres au sujet de l’accord de Bayonne. Le temps passe. Vous devriez y faire attention, car des ennuis en pourraient venir. La reine ne souffla mot. Ce fut Charles IX qui répondit : — Don Francès, ce qui fut accordé à Bayonne, en présence de ma sœur, de ma mère et de moi-même, avec le duc d’Albe et Manrique, sera exécuté.

La reine le con firma. 402

— Mais quand ? demanda l’ambassadeur, La reine répondit :

Il faut d’abord arranger les affaires du royaume, car si le royaume est perdu, la foi catholique le sera aussi. Si la couronne est gardée pour le roi, celui-ci fera ensuite relever la foi. Je suis bien étonné, Madame, de vous voir si changée depuis une vingtaine de jours, sous le rapport de la religion. — Mon plus grand désir est de voir rétablie la foi catholique. Mais je procède de telle manière pour désarmer et réduire, un à un, les ennemis de la religion dans ce royaume ; et tous les jours on les réduit.

— Don Francès se prit à rire : Je m’étonne qu’on les réduise chaque jour si vous les traitez de la même manière que l’amiral que vous avez accueilli dans votre logis. Il a l’entrée dans la chambre du roi, comme s’il vous avait gagné deux batailles, et pacifié le royaume. Sachez donc que tous les hérétiques s’en vantent, et mon hôtelier le premier. Depuis que l’amiral est venu à la cour, il y a déjà sept ou huit mille personnes séduites par l’hérésie, et le nombre des ministres a augmenté de trente ou quarante, car on les a mis dans les villes principales où ils peuvent faire beaucoup de tort. — Ce sont des choses qu’on vous raconte ; et vous les croyez vraies ?

— Par ma foi, je n’ai besoin de personne pour voir que vous laissez tomber en ruine la foi catholique. Je vois bien que je partirai d’ici avec moins d’allégresse que l’autre jour, quand vous m’avez assuré que bientôt on prendrait une décision agréable à Sa Majesté ! D

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