Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/412

Cette page n’a pas encore été corrigée
398
CATHERINE DE MÉDICIS

I’ L faut le dire, ce qui intéressait infiniment plus don Francès de Alava, que ces réconciliations factices, étaient les griefs réels qui s’élevaient à propos des corsaires et des colonies. Il jugeait de ces choses en homme souffrant encore des suites de sa fièvre ; il demeurait toujours très faible, s’exaspérait de vivre sous notre climat humide et malsain qu’il accusait de s’opposer à sa complète guérison. Or don Francès savait qu’à Marseille on préparait neuf galères ; et le bruit courait qu’on envoyait toujours, en secret, de l’argent et des munitions à Sampierro, le Corse. Sampierro faisait mener une négociation afin que Henri, duc d’Anjou, le prît sous sa protection et favorisât la guerre dans l’ile. Plus de quatre cents gentilshommes et de nombreux fantassins gagnaient Malte. Mais ce qui désespérait l’ambassadeur d’Espagne, c’était de voir qu’il était impossible ici de rien obtenir de la justice en faveur des sujets du Roi Catholique faisant la navigation. On acquittait tous les corsaires pirates, et toutes leurs victimes étaient condamnées. Il lui semblait donc évident que les gens du conseil touchaient leur part dans le butin ! Don Francès avait fait dresser un mémoire de tous ces cas particuliers, demandant des instructions à son maître et son avis sur la manière de procéder. En vérité, c’était une misèrel Les gens d’ici n’avaient aucune pudeur. La reine montrait toujours sa même diligence pour faire rendre la justice ; mais, disait don Francès à Philippe II, si Votre Majesté ne prend pas « des mesures sévères », ils finiront par aller faire le pillage sur la côte d’Espagne. D gitized by