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LES CONSEILS ROMPUS

— Mais ceux de la nouvelle religion tiennent fermement qu’ils blesseraient leurs consciences s’ils s’assujétissaient aux céré monies des prêtres et des évêques et que de les forcer ce serait faire renaître les troubles. Vouloir être consolés par les prêtres, ils y consentiraient encore moins. Et de dire que les ministres pourraient les visiter avec la permission des évêques et des curés, les évêques et curés n’y consentiront jamais. Le cardinal de Lorraine se tourna vers le cardinal de Bourbon : — Vous voyez, Monsieur, qu’il ne faut plus d’évêques… — C’est grand cas, reprit le chancelier, que vous vouliez tant de mal à ceux de la religion. Vous ne pouvez endurer que vivants ils servent Dieu, et vous voulez que sur le point de mourir, ils n’en entendent parler aucunement. Voulez-vous qu’ils meurent comme bêtes et chevaux ?

— Il faut qu’ils soient visités et consolés par les évêques et les curés.

— Vous tâchez merveilleusement de les ruiner et affaiblir. Nous tâchons par tous les moyens de les rendre faibles, afin qu’ils ne demeurent en ce royaume, et qu’il n’y reste que la seule religion du roi…

Plusieurs membres du conseil trouvèrent bien étranges ces façons de s’exprimer du cardinal. Enfin on avait fait venir à Moulins le jeune duc de Guise. L’admirable est que tous ces gens-là venaient demander à l’ambassadeur d’Espagne d’excuser leur attitude. Le cardinal de Lorraine se disait contraint et forcé. Mme de Guise affirmait que ce qu’on avait fait ici était une chose inouie. Le comble, c’est que Montmorency s’était décidé à venir à la cour, et que le cardinal de Lorraine avait dîné avec lui, malgré leur terrible altercation de Paris. Mais le pire, aux yeux de don Francès, était le bruit que le roi se rendrait à Châtillon. Dans cette réconciliation universelle, on vit le duc de Nevers, si catholique, tendre la main au prince de Porcien, si réformé, et consentir à oublier tous les différends qu’ils avaient entre eux. Tout le monde semblait croire à la paix, à la force des écrits : et, pour fêter tant de réconciliations, Catherine donna un grand festin dans la belle maison, située au fond d’un vaste parc, qu’elle occupait à une lieue de la ville ¹, 1. Le 2 mars.

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