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CATHERINE DE MÉDICIS

Don Francès le prévoyait : on flatterait le cardinal de Lorraine, tant qu’on aurait besoin de lui dans cette négociation, sans lui donner d’ailleurs la situation dont on lui avait parlé ; car dans son ambition et sa cupidité, il était insatiable 1. Avec Mme de Guise, on procèdera avec tendresse : elle adorait M. de Nemours, et la reine lui avait déjà fait dire qu’il resterait ici tout le mois, et qu’il pouvait se marier avec elle… L’ambition du cardinal de Lorraine, c’était d’être nommé gouverneur des finances, ce qu’on cherchait à faire en ce moment, bien qu’il eût peu d’autorité, ayant montré une telle faiblesse envers ses ennemis.

Le cardinal de Lorraine, il faut cependant l’entendre au conseil demander l’abrogation de l’édit d’Amboise, déclarant qu’aux termes mêmes de cet acte les malades et les mourants ne devaient être assistés, dans les lieux où l’exercice du culte réformé n’était pas autorisé, que par les prélats catholiques. Il s’exprima avec une telle violence que le chancelier répondit : —

Comment voulez-vous que fassent ceux de la religion ? C’est œuvre de miséricorde que de visiter et réconforter les malades. Voudriez-vous que lorsqu’ils sont sur le point de mourir ils ne soient pas consolés par la parole de Dieu ? — Le poison, avait répliqué le cardinal. Vous le dites, et ils en disent autant de votre religion. Si vous voyez là du poison, pourquoi ne disputez-vous pas à l’encontre d’eux, et ne les confondez-vous pas par les textes de la Sainte Écriture, vu qu’ils s’offrent journellement pour argumenter et ne demandent autre chose ? Une conférence serait plus nécessaire que de recourir aux violences, lesquelles, nous l’avons vu, ne servent à rien pour contraindre les hommes contre leur conscience… Vous nous voulez donc ramener aux troubles ? — Il semble que ce soit moi qui les ait amenés par ci-devant ! — Vous le savez…

— Il est tout de même permis de parler librement au conseil du roi. Moi je suis d’avis que si ceux de la nouvelle religion veulent être consolés et visités en leurs maladies, il faut qu’ils le soient par les évêques ou par ceux qui sont commis et députés par eux,

1. C’est ce que don Francès écrit à toutes les pages. C’était aussi l’avis du duc d’Albe.

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