Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/408

Cette page n’a pas encore été corrigée
394
CATHERINE DE MÉDICIS

Le connétable ne paraissait pas d’ailleurs satisfait de cette remarque : « Il ne lui convient pas de parler de cette matière. Comme mes prédécesseurs sont morts en bons catholiques, je le ferai, moi aussi. » A quoi le roi ajouta : « Certes, avec l’aide de Dieu ! >>

L’ambassadeur de Berne fut cependant le bienvenu et s’en retourna avec une chaîne d’or de mille trois cents ducats, On avait reçu des lettres d’excuses de Montmorency, le fils du connétable, qui assurait la garde de Paris. Il ne viendrait pas à Moulins ; même si le roi le lui mandait, pensait don Francès, car jamais il ne consentirait à faire des excuses au cardinal de Lorraine, depuis l’affaire de l’entrée à Paris. Damville, par contre, était arrivé. Mais don Francès craignait qu’on le neutralisât. On allait le flatter ; et son père, le connétable, parviendrait sans doute à faire de lui un ami de l’amiral. Ainsi les conseils à Moulins se poursuivaient toujours fréquents, et l’on s’efforçait maintenant d’organiser les finances, comme l’écrivait don Francès, le 20 février. . On allait renvoyer douze cents officiers de finances, pour en garder seulement dix-huit, ce qui correspondait au nombre des provinces du royaume. Ces décisions devaient être gardées secrètes jusqu’au départ de Moulins. L’armée n’était pas oubliée ; et on interdisait, dans tout le royaume, l’usage des petites arquebuses. Enfin Damville venait d’être fait maréchal, ce qu’il désirait tant, mais ce qui mit hors de lui M. de Martigues, qui partit de Moulins précipitamment. L’amiral gagnait en autorité, tout en montrant la grande réserve qui lui était habituelle. Il resterait à la cour jusqu’au départ du roi, qui était annoncé pour la fin du mois. Et l’on parlait même de son entrée à Paris en avril. L’évêque de Rennes ¹ venait de revenir d’Allemagne où l’Empereur l’avait fort bien reçu, tandis qu’il négociait les mariages. Don Francès observait qu’il serait certainement question de celui de Henri, frère du roi, avec la fille du duc Augusteª. Car on envoyait un gentilhomme auprès du roi de Danemark, qui avait suggéré cette négociation. 1. Bernardin Bochetel, très apprécié comme diplomate par la reine-mère pour les affaires de l’Est. 2. Il s’agit naturellement d’une princesse réformée.