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CATHERINE DE MÉDICIS

ces mêmes clous, les fixer dans les cœurs, dans la conscience ; car c’est aux mœurs qu’il convient de s’attacher… « Quant à vous, Sire, il vous faut travailler et étudier à faire de bonnes et saintes lois, et les réduire toutes à leur entier par un bon conseil de grand nombre de sages et vertueux personnages ».

D’où venaient les abus ? De la multiplicité des juges, cause de grands procès : il fallait donc en réquire le nombre. L’autre abus résultait des résignations en faveur des fils de conseillers. Le roi devait pouvoir choisir des gens expérimentés, et non pas des jeunes gens. Un mauvais usage se remarquait encore dans la nomination des conseillers. On y mettait souvent un parent, un ami. Or ces nominations doivent être faites légitimement, saintement. Les juges et les magistrats ne rendaient jamais compte de leur administration. Il fallait encore supprimer cette pratique. Un autre mal, bien grand en ce royaume, consistait dans le don d’un office en récompense. Si un bon serviteur s’est dévoué à la guerre, pourquoi lui donner un office de judicature qu’il ne connaît pas ? L’ambition des juges est une autre peste de ce royaume. Un conseiller veut être aussitôt président, le président désire être chancelier : « Et moi, s’il y avait quelque chose de plus haut, j’y voudrais aspirer, ou bien à être cardinal, et le cardinal à être pape !… Cependant personne ne fait son état, ayant le cœur empêché par cette ambition… >> Et Michel de L’Hospital dénonçait l’abus des committimus, des plaidoieries à propos des bénéfices ecclésiastiques : « Y a-t-ilrien au monde plus indécent que de voir le Palais plein de procès pour des cures et abbayes, qui sont choses saintes ! » > Le chancelier dénonçait la police des villes », qui doit appartenir aux juges royaux, et non pas aux « magistrats » (conseillers municipaux) qui les « mangeaient. » Car Michel de L’Hospital mena une attaque très vive contre les juridictions municipales, et même contre sa propre autorité, trop grande en ce qui concernait le sceau. Une idée domine la grande remontrance tout réduire aux lois et aux édits, sans y apporter d’exception : « Il faut aussi ôter les brevets ¹ ; que la volonté du roi soit incontinent 1. Lettres de cachet. D gitized by