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JUSTICE DE FRANCE

du côté droit, on voyait le connétable, le cardinal de Châtillon, l’amiral, le maréchal de Bourdillon, les évêques d’Orléans, de Valence, de Limoges, l’abbé de la Chaise-Dieu, Lansac, et M. de Lagarde. A gauche, le chancelier, MM. de Vielleville, de Crussol, Du Chesne, de Villiers et de l’Isle. Au bas se tenaient MM. de Thou et Séguier, premier et second présidents, et derrière eux Dumesnil, avocat au Parlement de Paris, les sieurs Daffis, Lagebaston, Truchon, Le Febvre, les premiers présidents de Toulouse, de Bordeaux, de Grenoble et de Dijon. Derrière eux, sur d’autres bancs, étaient assis Foyneau, second président de Provence, de Monceau, de Dinteville, Maubin, La Bourgade, Bordeaux, Rabot, La Coustardoye, et d’autres conseillers du Parlement. Le roi commença par déclarer qu’il avait presque fait le tour de son royaume, visité villes et provinces, particulièrement pour entendre les plaintes de son peuple. Afin d’y porter remède, suivant sa volonté, il avait fait assembler cette compagnie, dans laquelle il avait confiance, les priant tous d’y vouloir entendre afin qu’il en fût déchargé, et son peuple soulagé. Le chancelier prit alors la parole. En présence de si grands personnages, il ne ferait pas comme ces auteurs qui composent des dialogues, à la manière de Platon, y introduisant Socrate, ou comme l’a fait Cicéron, Laelius ou Scipion. L’autorité résidait ci d’ailleurs dans la seule grandeur du roi. Il disait simple. ment :

« Le roi a fait la ronde par tout son royaume et out beaucoup de plaintes… Et pour ce, Messieurs, ne devez trouver étrange, si le roi appelle les hommes par leur nom, sans fard ni déguisement : le brigand, brigand ; le larron, larron, en marquant les fautes qu’il a trouvées dans son royaume… Il faut garder la justice avant tout… Et lui aussi nommera les fautes par leur nom, sur l’ordre du roi… » Alors Michel de L’Hospital faisait l’éloge de la justice, dénonçant le danger des interrègnes. La justice n’est pas fille de Mars, mais de Jupiter, qui est paisible et humain. Pauvre justice, intègre jadis, celle que l’on venait chercher chez nous autrefois, et qui était demandée même par les étrangers ! Mais depuis Charles VII on avait trop plaidé chez nous, chacun voulant rentrer dans son bien. Les lois, que les Romains avaient jadis fixées sur des tables d’airain avec des clous sur les marchés, pour que chacun pût les lire, il aurait fallu aujourd’hui, avec