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CATHERINE DE MÉDICIS

La reine-mère laissait voir sa prédilection pour lui, à cause de la vivacité de son esprit et de sa gentillesse. Philippe II venait de faire répondre à Catherine de Médicis, au mois de décembre dernier, que vraiment l’union projetée entre le jeune garçon et sa propre sœur, dona Juaña, était chose qui ne pouvait se réaliser, malgré tout le désir qu’il avait de contenter sa belle-mère. M. de Fourquevaux, notre ambassadeur, en avait convenu, glissant à l’oreille du roi qu’il devrait l’aider à trouver un établissement pour le faire sortir de France, ce que la reine désirait le plus. » Le duc d’Albe, lui-même, s’était presque engagé, au nom du roi d’Espagne, à lui procurer une grandeur nécessaire, comme si c’était pour son propre frère. » Déjà le jeune Henri avait pénétré en Espagne pour y chercher et pour y ramener la Reine Catholique, sa sceur, montrant en cette occasion un sentiment et une grâce in fi. nis. Le nouveau duc d’Anjou espérait bien d’être envoyé en Espagne à l’occasion de la grossesse de la Reine Catholique. C’est à Moulins, et en France, que Henri duc d’Orléans devait recevoir la récompense de son jeune mérite. Il entra au conseil où il fut accueilli avec respect, et même écouté, se montrant bien stylé ; le 8 février, il reçut, comme frère du roi, l’apanage de l’Anjou, le Bourbonnais, le Maine et l’Auvergne qui devaient lui permettre de vivre indépendant ; et François, duc d’Anjou, reçut l’apanage d’Alençon.

Le premier acte de l’assemblée des notables de Moulins avait été un acte de réconciliation française, déclarant l’amiral innocent de toutes complicités dans l’assassinat de François de Guise. Le second fut l’acte de la réformation de la justice qu’annonça la remontrance, comme on disait alors, de M. le chancelier, à la séance du 24 janvier. Ici Michel de L’Hospital se montrait incomparable, car ayant l’habitude et la tradition des mercuriales, il savait dire à chacun son fait, ce qu’il énonçait directement, et avec une rare verdeur dans l’expression.

Le roi était assis sur une chaire, dans sa chambre, ayant la reine sa mère et Monsieur¹ à main droite. Autour de son siège, près de la fenêtre donnant sur le fossé, MM. de Vendôme, de Nevers, les cardinaux de Bourbon, de Lorraine et de Guise ; le prince de Condé demeurait absent pour raison de santé. Un peu au-dessous, 1. Monsieur désigne toujours le frère du roi, ici Henri.