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CATHERINE DE MÉDICIS

même pas. Si cela continue, les hérétiques auront bientôt toute liberté d’action !

— On ne peut pas toucher à présent aux édits, car ce serait mettre le feu dans tout le royaume. La discussion fut longue. Don Francès l’abrège, dans la lettre qu’il écrit à son maître, pour ne pas l’importuner. Il avait repris : — Mais la religion ?

Je vous donne l’assurance que je vais me rendre à Paris. Dès mon arrivée, j’exécuterai ce que j’ai dit au duc d’Albe. Vous pouvez écrire dans ce sens au Roi Catholique. Don Francès lança ce reproche à la reine-mère : Vous voulez diviser !

J’aime mieux mes enfants que le pouvoir… Je ne veux pas une nouvelle guerre civile. Mes affaires ne marchent pas trop mal, si l’on veut bien se placer à ce point de vue. L’amiral, je l’ai fait venir à la cour pour le tirer hors de Paris, et pour le réconcilier avec les Guises !

C’est un fait que la reine avait été assaillie jusqu’à l’importunité avec les preuves de son innocence dans l’assassinat de M. de Guise.

Don Francès avait toujours pensé qu’on ferait proclamer cette innocence par une sentence. Le connétable avait tant travaillé dans ce sens !

L’Espagnol’s'efforçait, lui, de harceler la reine en lui parlant de la Floride, et de la volonté du Roi Catholique à ce sujet. Elle répondit :

— —Les gens qui sont allés à l’Ile des Bretons doivent être en train de revenir, à ce que j’ai pu savoir. L’ambassadeur sauta à ce nom : — Je ne sais rien de l’Ile des Bretons ; ils peuvent, s’il leur plaît, la baptiser île bretonne ou terre ferme des Bretons. Mais moi, j’ai entendu qu’un de vos capitaines se rendant à la Nouvelle France, disait la Floride, et qu’on l’appelait donc de la sorte… La reine ne répondit rien de précis. Elle pria cependant l’ambassadeur de ne pas parler avec cette dureté devant le roi son fils, car il était déjà assez grand pour ne pas supporter un ton pareil. Je ne lui en parlerai pas du tout, répondit don Francès. Le bon Dieu lui a donné certes un esprit éclairé, mais il est trop jeune pour qu’on l’entretienne de choses si importantes. D’une manière générale, on ne parlait plus de cette expédition — D

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