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LE CAS DE L’AMIRAL

LE CAS DE L’AMIRAL 381

immédiatement à l’ambassadeur espagnol par « une personne de confiance » appartenant au cardinal de Lorraine. C’est ainsi que nous savons que le nombre de conseillers d’État, réunis pour juger le cas de l’amiral, se montait à vingt-quatre. Le premier président de Paris avait déclaré qu’il ne voyait rien dans le procès qui pût décharger l’amiral, comme le procureur du roi l’avait demandé. Mais dix-neuf voix s’étaient prononcées pour l’innocence. Le maréchal de Bourdillon avait même déclaré que c’était une chose juste, conforme au droit ; M. de Nemours se récusa en raison de la profonde affection qu’il portait au défunt duc de Guise, et à toute sa maison. Quant au cardinal de Bourbon et au duc de Montpensier, ils avaient annoncé ouvertement qu’ils chargeaient leur conscience s’ils prenaient part à cette décision, s’en excusant auprès du roi. Le 29 janvier fut publiée la sentence déclarant l’amiral libre et innocent de toutes recherches au sujet de la mort du duc de Guise,

Le 2 février, le cardinal de Lorraine entrait dans le jardin de la maison où se trouvait la reine. Elle l’appela pour le consoler : — Prenez, sur votre vie, en bonne part ce qui a été fait, car cette décision nous convient grandement. Avec le temps, vous verrez des choses qui vous donneront satisfaction. Le cardinal répondit sèchement : — Je n’ai rien à dire, Madame, de cette affaire, et n’ai qu’à aviser tous les princes catholiques de cette décision, et comment elle fut prise.

Catherine sembla recevoir un grand choc. Elle garda quelque temps le silence :

Vous ne devez pas le faire, car ce serait odieux ! Mais le cardinal lui donna ses raisons auxquelles elle ne répondit pas.

Quant à la duchesse de Guise, la veuve de François, la mère de tant de Guises, toujours belle, toujours aimée, la superbe Anne d’Este, elle informait don Francès comment le roi et la reine l’avaient pressée dans son logis, en la persuadant qu’il était nécessaire de conclure la paix entre les deux maisons ennemies. La duchesse avait pleuré, comme il était convenable : « Ne m’en parlez plus, tout ce que je veux, c’est que mes parents ne m’abandonnent pas. Je suis la femme la plus malheureuse du monde de voir que le marquis d’Elbeuf et Monseigneur d’Aumale D gitized by