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CATHERINE DE MÉDICIS

qu’il n’en avait rien su avant qu’il fut perpétré, qu’il jugeait méchant et malheureux celui qui l’avait commis. Le cardinal essaya de gagner encore un délai, disant qu’il n’avait aucune proposition écrite, que néanmoins, pour le service du roi et le repos public, il ferait son devoir… Il parla, lui aussi, non sans éloquence sur l’homicide manifeste, réclamant la justice au nom des enfants dont il était le tuteur. C’était, suivant lui, à la cour du Parlement qu’un tel débat devait être évoqué… La délibération s’ouvrit. On fit revenir l’amiral, le cardinal et la duchesse de Guise pour la lecture de la sentence. Les deux parties avaient promis de se montrer obéissantes. Le jugement, c’était que le roi leur interdisait de se nuire, de dire du mal les uns des autres. A cet accord les antagonistes devaient donner leurs signatures et prêter serment. Ce qu’ils firent au nom de leurs familles. La reine-mère avait exigé du maréchal de Montmorency le même accord amiable avec le cardinal de Lorraine. Ainsi l’amiral était reconnu innocent ; et les Guises n’avaient pas produit leurs pièces. L’arrêt fut communiqué à la date du 31 janvier. Il fut lu en présence des parties. A la demande du roi, Anne d’Este, le cardinal et l’amiral s’embrassèrent tous les trois ! Il convient d’ajouter que le sieur de Soubise obtint aussi une réparation, au sujet de l’accusation de Poltrot portée sans preuve contre lui, dans l’affaire de l’assassinat de François de Guise. Mais c’est dans l’atmosphère d’un massacre que les gens se réconcilièrent. Ainsi M. de Soubise, réformé, à qui l’on chercherait une querelle d’Allemand, devait être frappé par le maréchal de Bourdillon et par le comte de Brissac, sous les yeux de la reine-mère, dans sa propre chambre : mais elle empêcha l’entreprise.

Un gentilhomme italianisé avait dit à Moulins qu’il tuerait l’amiral. Coligny n’en avait fait que rire. Car l’italianisé n’était pas assez courageux et résolu pour faire le coup ¹. Don Francès suivait avec anxiété tout ce qui se disait et se faisait au conseil. Car si le conseil privé n’a pas laissé d’archives, nous connaissons le débat qui s’engagea, et qui fut rapporté 1. S’il s’agit comme on peut le croire de Gondi, le coup aurait été reporté à la Saint-Barthélémy.

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