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L’ARRIVÉE DU FILS DE JEAN RIBAUT

L’ARRIVÉE DU FILS DE JEAN RIBAUT 377 René Goulaine de Laudonnière, qui venait de recevoir cent mille francs de Coligny, arma deux vaisseaux d’Honfleur, l’Isabeau et le Faucon, pour retrouver la Floride : « Si Dieu m’aide, j’irai à la fin ! »

Il arriva en effet à cette « fin », le 22 juin 1564, reconnut la Floride à la douceur de son parfum. Il retrouva les Indiens amis, recommença à distribuer sa pacotille, admira de nouveau les sauvages nus, droits, carrés, rouges de visages, qui portaient dans leurs cheveux relevés formant au sommet de leur tête un bonnet piqué de flèches agiles, les vieillards sans rides, et le blason fleurdelisé qu’ils adorèrent en chceur, comme on ferait devant un autel de la patrie. Laudonnière reconnut la Seine, se fixant sur la rivière de Mai, dans cette forteresse dite la Caroline du nom du roi de France. Les trompettes sonnaient la diane, marquaient la prière, le travail de la construction du rempart et du four. On remonta jusqu’à Charlesfort, échangeant des cadeaux avec les indigènes. Le dieppois Jean des Hayes allait sur le fleuve en barque, à la recherche d’un Eldorado, de la fosse pleine d’or ; il eut le crâne ouvert par la hache de pierre d’un indigène… Et ce fut, comme toujours, la mutinerie, la révolte ; une partie de l’expédition dut s’embarquer pour Cuba. Jean Ribaut, arrivait cependant, après un inquiétant séjour en Angleterre… Créé lieutenant du roi dans la Nouvelle France, il s’était embarqué à Dieppe au mois d’avril 1565, avec neuf navires, neuf cents hommes, de l’argent, de la poudre, des canons, et la lettre de Coligny qui sommait Laudonnière de rentrer, pour mettre fin au désordre : « Et c’est pourquoi j’envoie le capitaine Jean Ribaut pour y commander, auquel vous délivrerez tout ce que vous avez en charge, l’instruisant de ce que vous pourrez avoir découvert… Ne pensez pas que je vous envoie quérir pour mécontentement et méfiance que j’aie de vous, mais c’est pour votre bien et honneur, et vous assure que toute ma vie vous aurez un bon maître en moi. CHATILLON. » On voit que l’amiral savait parler aux aventuriers. Mais ce qu’il n’avait pas prévu, ce fut la colère de Philippe II. Que les Français prissent pied sur les terres dont il se désintéressait, sans doute, ne l’admettait-il pas. Mais que des familles entières, des femmes, des enfants aient quitté la France pour faire une Floride huguenote, luthérienne, cela lui paraissait D gitized by