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MICHEL DE L’HOSPITAL

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bla pas et répondit : « Lorsque nous irons à Metz, ni le roi ni moi ne pourrons attendre de nos sujets qu’ils nous servent attentivement. » Il était en effet question de se rendre, après Moulins, sur les marches de Lorraine pour s’accorder avec le cardinal. Les ambassadeurs étaient logés à cinq lieues de Moulins, à l’exception de ceux de Portugal et d’Angleterre, toujours à Paris. Don Francès était domicilié, lui, dans la ville. Chaque jour, comme il souffrait alors de la fièvre, la reine lui envoyait ses médecins. Et c’est par tant de remarques malveillantes qu’il l’en a remerciée. Ce qui inquiétait particulièrement don Francès était la pensée que Mme de Vendôme ou le prince de Condé pourraient organiser des prêches dans le palais des ducs de Bourbon où ils logeaient. On avait pris cependant un édit défendant aux ministres de faire dans aucune maison de la ville des services, comme cela était d’ailleurs la loi quand le roi faisait résidence quelque part. Don Francès observait encore que le fils de Jean Ribaut, et les autres capitaines rescapés de la Floride, s’étaient rendus vers l’amiral pour se plaindre du massacre des leurs, ce que l’ambassadeur appellait « leur défaite ». Mais il doit reconnaître qu’ils se tenaient très modestement, ne parlaient pas de l’affaire. Enfin don Francès recevait dans sa maladie les visites du connétable, du cardinal de Bourbon et du duc de Montpensier. Et comme il l’écrivait à Philippe II, chaque fois qu’il le pouvait, dans la conversation, il essayait de « servir Dieu et Votre Majesté ». Qu’ils parvinssent à arranger les affaires, avant la fin du mois de février, don Francès ne le pensait pas. Tous les jours, cependant, le conseil siégeait deux fois. Et don Francès, l’ambassadeur espion, ne manquait pas de travail : « Ils me rendent fou avec leurs changements et leurs diligences aujourd’hui on enverra vingt-deux courriers, demain sept seulement ! >> On vit en fin arriver les cardinaux de Lorraine et de Guise ; le 5 janvier, ils étaient encore à quatre lieues de la ville, et don Francès laisse entendre à Philippe II qu’ils n’osaient entrer à Moulins pour la peur qu’ils avaient des réformés. Le maréchal de Bourdillon, chargé de la fameuse réconciliation, allait à leur rencontre. Condé, pense don Francès, ne fera jamais sa paix avec les Guises. Et bientôt on voyait arriver les gentilshommes du Languedoc avec Damville, ceux de la Bourgogne avec le comte de Charny ; un autre amenait les gens d’armes de Picardie. Car la France a toujours délibéré devant des partisans prêts à