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CATHERINE DE MÉDICIS

une patrouille de douze soldats de Strozzi parcourait la ville, sans compter les rondes du prévôt de l’Hôtel, de ses lieutenants, du connétable et des maréchaux de France. La cour du châtean fut occupée par les archers, et le roi n’en sortait qu’entouré de sa garde. Le lieutenant du prévôt assura même les rondes dans les villages voisins. Il faut dire que, pour la première fois, se retrouvaient amis et adversaires.

Les vivres, qui avaient été à l’origine plus abondants à Moulins qu’à Blois, y devinrent bientôt aussi rares. Comme chacun avait fait des provisions, la cherté y fut bientôt la même que dans la ville qu’on venait de quitter. La confusion, habituelle aux assemblées en France, y règna. Mais l’ordre ne s’observait pas beaucoup plus ailleurs. Ainsi le conclave, à Rome, s’ouvrait alors dans le même désordre, à la suite du décès de Pie IV. L’ambassadeur d’Espagne, qui combattait partout la France, renseignait aussitôt Philippe II. On tenait pour assurée l’élection du cardinal de Ferrare, si le Roi Catholique ne s’y opposait pas. Les cardinaux ne se pressaient pas de quitter Moulins, ceux du moins qui étaient retenus par l’assemblée. A quoi cela eût-il servi ? On sait que ce fut Michele Gisleri, grand inquisiteur, qui devait tenter de détrôner Elisabeth d’Angleterre et conduisit la grande Ligue chrétienne à la victoire de Lépante, qui fut en effet nommé pape sous le nom de Pie V. Tandis que les travaux de l’assemblée se préparaient, les maisons de Moulins furent visitées pour y faire loger les gens suivant la cour. Mais les trois mille gentilshommes qui les habitaient affirmaient qu’ils avaient tous des affaires par ici, et on n’arriva pas à en mettre un seul dehors. Le programme de la négociation paraissait aussi ardu que le problème du logement. Il convenait d’accorder d’abord les Ġuises et les Châtillons. Le maréchal de Bourdillon fut chargé de préparer la négociation. Le connétable, arrivé le 6 janvier, se plaignait, lui aussi, qu’on eût contraint les gentilshommes à venir jusqu’à Moulins ceux de son fils, par exemple, n’avaient plus ni argent, ni chevaux, pour suivre la cour. Peut-être avait-il dit ces paroles, sachant que l’amiral avait réuni plus de 2300 chevaux pour suivre le roi ? Partout la supériorité de l’organisation des réformés, l’emploi judicieux des collectes dans les églises, l’emportaient. Mais la reine-mère ne se trouD gitized by


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