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MICHEL DE L’HOSPITAL

MICHEL DE L’HOSPITAL 37I

avait conversé avec les Muses adorées. Elles l’avaient consolé des troubles de la première guerre civile, fléau sorti de la boîte de Pandore. En 1569, quand le chancelier perdra les sceaux pour n’avoir pas prévu le coup de main des réformés sur la famille royale à Monceaux, Michel reviendra à la chère terre de Vignay, qui lui semblait un petit royaume, n’ayant plus à en administrer un grand. Il y passera la seconde guerre civile, voyant l’abandon de sa politique de tolérance, y vivra les heures tragiques de la SaintBarthélémy, où sa fille unique Madeleine ne fut sauvée que par la bonté de Mme de Guise. Loin des « mauvais chrétiens », des séditieux, l’ex-chancelier administrera son bien, menant la douce vie des champs, semant, récoltant, feuilletant les livres étalés sur sa table, écrivant sur la justice, sa passion, qu’il aima tant, non pas en désespéré, mais toujours prêt à sauver sa patrie des fléaux qui l’accablaient et des tyrans qui la perdaient. De Blois à Moulins, la route fut bientôt encombrée de voitures, de bêtes de somme, d’une caravane de gens, comme il s’observe après une défaite. Cela avait fort diverti Catherine de Médicis, qui riait d’ailleurs facilement, et amusa même le roi son fils, qui était, lui, un adolescent triste. Qu’allaient devenir, pour parler comme don Francès, les « hérétiques notables » qui s’étaient rendus à Blois ? Le connétable s’y attardait, avec l’amiral. Et l’on disait même que s’y trouvaient encore M. de Lorges, c’est-à-dire Montgomery, qui avait tué le roi Henri accidentellement, et que l’on accusait aussi d’avoir tiré le roi de Navarre, et qui avait été l’âme du soulèvement à Rouen. Or Charles IX et Catherine de Médicis n’avaient pas craint de le recevoir, disait l’ambassadeur, avec beaucoup de faveur, ce qui nous semble cependant peu croyable. Ce que l’on voyait du moins, dès le début de janvier, c’était la multitude de gens rassemblée à Moulins pour les États. Les soldats de Strozzi et les Suisses occupèrent la petite ville. Une ordonnance de police y fut publiée, aussi stricte que celle appliquée à Bayonne. Ainsi on ne devait sortir dans les rues, le soir après minuit, que par nécessité, en portant une torche ou une lanterne allumée. Toute la nuit, la ville demeurait éclairée par des chandelles, mises de deux en deux maisons ». Il fut interdit aux pages et aux laquais de porter des armes. Chaque nuit,