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L’ASSEMBLÉE DE MOULINS

MICHEL DE L’HOSPITAL E chancelier et la reine-mère avaient conçu ces desseins, lui dans l’absolu de sa conscience, dans l’amour de son mé scepticisme d’humaniste ; elle, dans le provisoire de son état de régente d’hier, dans le sentiment des réalités, des difficultés journalières, avec son optimisme de femme en bonne santé, avec la confiance qu’elle avait dans son adresse touchant à la ruse. La petite ville de Moulins vit ces grandes choses. Et, sans doute, mériteraient-elles mieux ce nom, si des règlements, en France et ailleurs, avaient jamais été suffisants pour rendre les mœurs bonnes et assurer la pratique d’une saine politique. Moulins était une petite cité, assise en « lieu plaisant et délectable », au bord de l’Allier. Sur la motte féodale s’érigeait le château des ducs de Bourbon, aussi propre à abriter des rois que des princes avec leur suite. Il était décoré d’une des plus belles fontaines du royaume. De grands jardins se développaient vers l’orient, plantés d’orangers et de myrtes, de citronniers, de lauriers, de pins, de chênes verts et d’arbres à fruits. Les parterres, suivant les saisons, fournissaient melons, citrouilles, pommes d’amour, et toutes les herbes ménagères. On y voyait enfin un beau labyrinthe, un grand pavillon, des lices pour courir la bague, une oisellerie ; et, du côté des champs, de belles écuries pour les grands et les petits chevaux. La terrasse était arrosée de bassins. Un double fossé séparait le château de la ville ceinte de hautes murailles, avec quatre grandes portes ouvrant sur des faubourgs opulents : ceux de Paris, de Bourgogne, des Carmes, de


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