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L’ASSEMBLÉE DE MOULINS

L’ASSEMBLÉE DE MOULINS 367

pital avait été désigné par la duchesse de Montpensier ¹ comme l’homme ferme et courageux, seul capable de barrer le chemin aux Guises. Par lui, Catherine avait pu gouverner. Ainsi il était arrivé à la cour après le tumulte d’Amboise, au milieu d’un bruit de guerre, parmi les audacieux et les violents ne pratiquant ni « conseil ni raison ». Il avait trouvé la reine « presque desbouttée de toute l’administration du royaulme ». Dextérité, patience : tout ira bien. Pas d’Inquisition chez nous, pas de France « desguisée à l’Espagnole », dira-t-il. Nous avons trop oublié ces choses, vu chez lui les grâces, la souplesse. Mais les Espagnols ne s’y sont pas trompés. Pour don Francès, le chancelier est l’adversaire, et demeure simplement l’hérétique.

Michel sait parler de tout son cœur, d’une manière simple et digne, avec la force, on l’a vu, de son expérience aux parlementaires et aux gens du conseil, comme aux jours des mercuriales. Chaque fois qu’il en a l’occasion, le chancelier développe le thème de la tolérance, de la coexistence possible des deux religions, de la réforme de la justice, de la défense des droits laics du roi et des autres.

Toujours Michel de L’Hospital a servi la couronne. Aux États d’Orléans (janvier 1560), il a affranchi la reine-mère de tutelles dangereuses ; il a défini le statut de la minorité du roi, tout en promulguant une réforme générale pour le pays. Par l’édit de janvier 1562, il a reconnu le fait des deux religions, déterminé les conditions de leur coexistence hors des villes, traçant leur devoir au magistrat des cités, aux prêtres et aux ministres. Le chancelier a tenté de désarmer les bras et les cours, demandant aux huguenots d’abandonner les églises ; et il a imposé le désarmement général par l’interdiction du port des armes et de leur vente (édit de SaintGermain, des 20 et 21 octobre). Le 19 mars 1562, à Amboise, dans un esprit de pacification, « pour empescher que le feu ne s’allumast davantage », pour éviter les meurtres, la ruine des églises et des temples, les batailles, pour ranimer entre les sujets l’union indispensable à la conservation du royaume, il a permis le libre exercice de la religion, et donné la liberté de conscience, dans la 1. Jacqueline de Longwy, première femme de Louis II duc de Bourbon femme très digne, qui eut une grande influence sur Catherine de Médicis. Théodore de Bèze la compte parmi les sympathisants de la Réforme ; elle mourut en 1561.

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