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CATHERINE DE MÉDICIS

Devait-on assurer le triomphe d’un parti sur l’autre par l’extermination ? Les forces en présence, souvent sensiblement égales, si l’on tient compte des sympathisants, ne le permettaient plus. Une minorité catholique l’eût souhaité ; et l’Espagne le désirait pour la France par le moyen de l’Inquisition. Mais ce qui était possible dans une Espagne récemment unifiée, qui sortait de la reconquista sur les Maures et continuait sur la Méditerranée une lutte nationale contre l’Islam, ne l’était déjà plus dans les états de Flandres. L’Empereur ne le concevait même pas devant le fait luthérien, imposé dans les Allemagnes divisées. Un parti moyen, celui de la pitié, celui de la tolérance, devait donc en France l’emporter sur les tendances extrémistes. La nécessité, beaucoup plus que la raison et le cœur, l’imposait d’ailleurs. Pour réagir en faveur de la tradition, il était trop tard. Ce n’était pas le temps, lorsqu’une femme continuait de régner près d’un roi adolescent, entourée d’enfants mineurs, au milieu des partis déchaînés et des grands féodaux. Ni la force, ni le sang versé, ni le silence n’ont jamais été des solutions françaises, qui furent toujours moyennes, conformes à un idéal honnête de justice, d’équité, et non de despotisme. Les remèdes provisoires à apporter à un mal que tous reconnaissaient n’apparaissaient donc ni la sévérité ni les rigueurs. Ils semblaient plutôt bienveillance et clémence. Telle était la pensée d’une femme, de la mère que fut Catherine de Médicis, qui montra toujours un tel respect envers la couronne de France, du fait même qu’on l’accusait d’être une princesse étrangère. Et comme elle était femme et continuait de régner sous le nom de son fils, ce que les durs gentilshommes de France, soutiens et adversaires de la couronne, enduraient mal, ils la jugeaient faible. En réalité, Catherine gouvernait par le connétable, M. de Montmorency, et par Michel de L’Hospital, avec tout son conseil. Michel de L’Hospital, parlementaire sorti du milieu très libre de la maison de Bourbon, ne connaît que l’exercice de la justice, son premier métier. Nourri des grâces antiques, il est resté catholique, mais pénétré par la gravité morale des réformés huguenots, souvent très près d’eux par l’esprit et le cœur. Il était l’homme de la terre d’Auvergne, et simplement de la terre de France, serviteur de sa maîtresse, la reine, comme chancelier, et le patron des justiciers. C’est

de Thou qui a recueilli la tradition que Michel de L’HosD gitized by