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CATHERINE DE MÉDICIS

Blois est la petite ville industrieuse et marchande, qui dévale, ceinte de murailles, vers la Loire, et ce pont en dos d’âne, sa raison d’être. Suivant les saisons, il franchit les filets d’eau qui affouillent les îles et les sables brûlants, tantôt la masse rapide et impétueuse du fleuve, comme en cette fin d’année. Ici vivent les pêcheurs, plus loin les bûcherons ; et tous ceux qui taillent le bois de la forêt. La gentille ville, avec ses fontaines, a toujours paru agréable aux gens d’Asti, et même à ceux de Milan ; quant à ses filles, elles leur semblèrent toujours charmantes. Dans l’antique forteresse de la maison de Blois, qui dominait et surveillait la petite ville aux rues tournantes, Charles d’Orléans avait ouvert quelques logis, pour abriter ses livres et ses coff : es ; là il avait administré, médité, souriant à sa destinée fâcheuse, et réchauffé ses membres frileux. Louis XII avait vécu dans la maison paternelle qu’il embellit et agrandit considérablement. Mais c’est surtout la reine Claude, sa fille, qui avait donné à Blois une physionomie vraiment royale. Car l’épouse de François Ier avait aimé Blois, sa maison, gage de l’amour qu’elle portait au roi et à ses enfants qui y avaient grandi. Plus peut-être que le bel escalier, la loggia à l’italienne, la reine-mère y appréciait, avec les gens de sa suite, de grandes commodités, des jardins réguliers, la route plantée d’ormes menant à la forêt qui formait le parc de ce château. La reine-mère y avait son logis. Blois, comme la plupart des villes de France, avait connu des troubles récents entre catholiques et réformés. Ainsi, dans le courant de juillet, une querelle s’était levée entre catholiques et huguenots. Les catholiques avaient tué trois ou quatre héré tiques, et chassé de la ville plus de deux cents personnes. L’affaire fut portée en délibération. Un des conseillers déclara qu’il fallait savoir d’abord qui était l’agresseur. Le chancelier affirma que c’étaient les catholiques. Le roi lui avait répondu qu’il se trompait, car c’étaient les huguenots. Sur quoi on décida d’envoyer à Blois le maréchal de Vieilleville pour prendre les mesures nécessaires, en attendant la venue du roi. Charles IX devait montrer à Blois ce qu’il était un bon catholique. Aimablement, Catherine de Médicis avait envoyé dirc à don Francès qu’elle lui souhaitait un prompt rétablissement ; elle devait rester deux mois entiers à Blois, ce qui allait donner à l’ambassadeur un peu de tranquillité. Mais don Francès voyait arriver avec tristesse Mme de Vendôme, Mme de Ferrare, le D gitized by