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CATHERINE DE MÉDICIS

Le cardinal de Lorraine ayant fait une entrée en armes à Paris pour y ramener les Guises, François de Montmorency l’a contraint à la retraite. Coligny va s’y rendre un instant avec trois cents cavaliers et y parler. Oui, il savait toutes les calomnies que faisaient courir les malveillants. L’amiral n’est pas un prétendant à la succession d’un trône. En Normandie, en Bretagne, Coligny aurait pu susciter ligues et associations… Il dénonça le vieux complot qui était d’abolir la race des Valois, en détruisant les huguenots. Il avait dans sa poche une lettre recommandant de vendre les bois, pour avoir de l’argent et acheter des armes. L’amiral évoquait les massacres de Tours… Comment, il lui avait suffi de se présenter à Paris pour que quelques prêtres fissent la menace de quitter la ville ? Est-ce qu’à Châtillon ils ne célébraient pas, comme dans la plus sûre place forte, leurs cérémonies, mieux que partout ailleurs ? L’amiral avait visité le Parlement qu’il tentait de rassurer : Coligny était là pour défendre la ville, non pour la saccager. Pourquoi le comparer à Pompée, alors que dans la capitale il n’y avait pas de César ? Respectueusement, l’amiral était allé s’incliner à Saint-Germain devant le duc d’Anjou. Le 30 janvier, l’amiral était de retour à Châtillon ; il voulut rassurer le roi sur l’état de sa capitale. Mais interdire le séjour de Paris à tous, tant aux Guises qu’aux Montmorency, est la plus logique conclusion de Charles IX. C’est celle des hommes qui recherchent l’équilibre. Il en est une autre que les bons (Monluc, Montpensier, le cardinal de Guise) ont préconisé depuis Bayonne. C’est l’expulsion des ministres. On en finirait avec cinq ou six têtes de factieux, ou du moins on les exilerait. Voilà ce qu’ils avaient confié au duc d’Albe : « Une tête de saumon est meilleure que celles de cent grenouilles… >> C’est le projet qui sera repris six ans plus tard… La cour allait gagner Tours, Blois et s’acheminer vers Moulins. Coligny demeurait à Châtillon dans le cercle de sa famille, près de sa femme qui était malade et gardait le lit. Il sait qu’à Moulins doit intervenir la décision définitive au sujet de sa querelle avec les Guises. Coligny fut repris de la même fièvre qui l’avait poussé jadis à Meaux. L’amiral était innocent. Il irait, la tête haute, chercher justice. D gitized by


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