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CATHERINE DE MÉDICIS

femme, qui était la belle veuve de François de Guise, Anne d’Este : elle poussait alors un cri de vengeance et de rage. On ajournerait la vieille vendetta, pensait la reine-mère, on remettrait à plus tard le jugement, on temporiserait. On convertirait Condé, on convertirait les Châtillons…les Guises regagneraient Joinville ; et Coligny, Châtillon…

Alors Calvin qui avait amené, contre son gré et son tempérament, Coligny, gentilhomme campagnard, à la cour, ne parlait plus que de la preudhomie » de l’amiral. C’est le beau vieux mot qui signifiait l’honnête homme, et que Joinville appliquait à saint Louis. M. l’amiral était un prudhomme… mais lancé à la cour, dans quelle aventure, aussi étonnante en péripéties que celle que son homme, Ribaut de Laudonnière, poursuivait en Amérique, au temps où la reine-mère commençait le tour de France que nous avons décrit. Il était vraiment impossible à Coligny et à M. d’Andelot de ne pas prévoir que la réconciliation avec les Guises serait pleine d’embûches, comme le séjour à la cour. Leurs adversaires demeuraient d’ailleurs les agents provocateurs de Vassy, sans le moindre scrupule. Au début du voyage de 1564, comme il se rendait de Châtillon à Tanlay, la belle demeure de M. d’Andelot en Champagne, on avait tiré des coups d’arquebuse sur l’amiral. Et cela disait un triste avenir.

De Tanlay, Coligny était revenu à Châtillon. Il apprit la mort de Calvin, dont la dernière ceuvre, le Commentaire sur Ezéchiel, imprimé à Genève, en 1565, lui avait été dédié. Théodore de Bèze lui parlait à la place du défunt : << Monseigneur, je me tiens tout assuré que ne ferez pas moins votre profit de ce dernier œuvre de Jean Calvin, ce grand et vraiment excellent serviteur de Dieu, que vous avez accoustumé d’en faire de tous les précédents. Si quelqu’un s’enquiert pourquoi nous vous l’avons plutôt dédié qu’à un autre, je dis franchement que c’est lui-même qui en a été cause… Mais je dis davantage, que pour grandes et justes raisons, il eût fait cela qu’il avait délibéré. Car moi, ayant demeuré sans cesse par l’espace de vingt mois entiers durant la paix et la guerre, et vu de mes propres yeux les grâces singulières tant de l’esprit que du corps, desquelles, étant absent de vices, il s’émerveillait et les avait en révérence : pourquoi ne m’accorderai-je à son jugement ?… » Mais voici encore un nouveau deuil : la nièce de l’amiral, EléoD gitized by


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