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CHÂTILLON-SUR-LOING

tervalle de temps. L’amiral y comprend aussi les gens d’Eglise. Ce qui lui donne alors tant de soucis, ce sont les demandes d’Elisabeth pour la restitution du Havre. Car l’amiral avait signé de confiance un acte confirmant la convention de Hampton Court. Il va falloir expulser de force les Anglais. Coligny ne prendra pas part à la campagne, et préconisera l’ « amiable composition >>. On le voyait s’occuper de ses affaires domestiques, de son « petit ménage », entretenir surtout des rapports d’amitié et de voisinage avec Montargis où Renée de France, fille de Louis XII, duchesse de Ferrare, fait tant de bien aux pauvres gens, aux réformés, et transforme son château en hôpital. Sans doute Gaspard de Coligny aurait-il continué de vivre cette existence paisible de gentilhomme français aux champs, si M. Calvin, en écrivant des lettres de consolation à Charlotte de Laval, malade, n’avait pas recommandé à l’amiral de se rendre à la cour où son absence lui paraissait si préjudiciable. Calvin sera toujours cette sirène qui gouverne le monde, de Genève où il a fondé le plus autoritaire et le moins libre des états. Il est un pape qui châtie, exile, et un inquisiteur qui parfois brûle. Il sévit contre toute liberté de pensée, tout non-conformisme ; et pour l’établissement du royaume de Dieu, il usera de son influence, de cette persuasion caressante qui plaisait tant aux nobles femmes, aux femmes, gouvernant par là les hommes. Ah, les dames, les dames, comme disait don Francès… Le séjour de l’amiral à la coursemblait d’autant plus admissible que les trois Châtillons avaient signé l’engagement de ne pas poursuivre le différend avec Messieurs de la maison de Guise, à l’occasion de la mort de François. Odet c’est l’Eglise, Gaspard la marine, et d’Andelot la masse des gens de pied, l’infanterie. La présence des Châtillons à la cour, voilà le repos du royaume, et sans doute, grâce à François de Montmorency, la prédominance de l’esprit de Genève chez nous. L’accueil à Fontainebleau des Châtillons venus dans leur train ordinaire a été tout à fait honorable. Le Connétable les avait reçus comme ses enfants. Ils avaient été logés au Louvre. Les Guises se retranchèrent dans leur hôtel, gardé comme une forteresse. Coligny est au conseil privé, ce qui parut déjà une singulière menace pour les Pays-Bas à Philippe II qui en fit la remarque à Granvelle… Mais les Guises, eux aussi, avaient compris que leur place était au Louvre. Et parfois l’amiral rencontrait une D gitized by