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CHÂTILLON-SUR-LOING

fendu. Car l’amiral n’approuve pas qu’on appelle alors à son secours les forces étrangères. Mais la reine d’Angleterre Elisabeth n’entend pas, elle, laisser à Philippe II seul le profit des troubles de France. En favorisant de ses écus ceux qui défendent la liberté de conscience et la religion, elle pense recouvrer Boulogne, ou Calais, ou le Havre, et s’il est possible, les trois places. Ici était le piège. Les catholiques ont demandé des secours à Philippe II, les réformés d’Allemagne offrent leurs services à Coligny et à Condé ; et Coligny a confié à Briquemault la mission de se rendre en Angleterre. Telles avaient été les angoisses de l’amiral enfermé dans Orléans, quand la peste venait de lui prendre un petit garçon : « Enfin, Dieu l’a voulu, et je lui offre encore les autres… » Mais à Hampton Court, pour un prêt de 140.000 écus d’or, le gage des villes de France a été accordé, s’il n’y avait pas remboursement. Coligny se retrouva à la mémorable bataille de Dreux (18 décembre 1562) où les antagonistes s’abordèrent dans une lutte à la mort. Et à Châtillon aussi les enfants, un peu grands, s’attaquaient, jouant aux Condé et aux Guises à coupsdegaules, à coups de poing, et se blessaient, comme au village de Jeanne d’Arc les enfants jouaient à la guerre des Bourguignons, Car c’est le pays tout entier qui allait se déchirer, quand Poltrot de Méré, un Angoumois illuminé, surnommé l’Espagnol, eut lâché un coup de pistolet à M. de Guise pour délivrer la France. L’amiral connaissait l’homme à qui il avait fait donner 100 écus pour des services de renseignements en campagne. Foi de gentilhomme, par argent, par paroles jamais il ne se serait prêté à un meurtre. Poltrot, l’espion, avait dit : tuer le duc de Guise serait facilel Mais jamais l’amiral n’insista sur ce propos qu’il jugeait frivole. Telle était la simple et pure vérité, comme il le proclama suivant sa conscience. Aveu qui fut de trop, cependant, et demeure à l’origine de sa perte. Mais l’amiral était rond et entier. Il signa dans ce sens une déclaration qui fut portée par un trompette à la reine-mère. Tuer, menacer de tuer, être tué, vivre sous la menace de la mort, c’est le lot de ce temps, en paroles et en fait ; et c’était celui de Catherine de Médicis d’ailleurs. Si longtemps les Espagnols l’entretiendront d’une menace huguenote contre sa vie. Le maréchal de Saint André, le catholique, avait dit, lui, qu’il la jetteCATHERINE DE MEDICIS

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