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CHÂTILLON-SUR-LOING

de sa maison, les exhortant à rendre compte à Dieu de leur vie, de leurs déportements ; il les réconciliait, s’il y avait eu entre eux quelque discussion. Et il faisait instruire ceux qui l’étaient mal. Soin des malades, soin des pauvres, secours aux vieillards, instruction des enfants libéralement distribuée à Châtillon, et dans les domaines du Gâtinais, tel était le travail de Gaspard de Coligny et de Charlotte de Laval. L’amiral avait fondé un collège près du château, un séminaire de l’Eglise, un apprentissage de piété : « Car l’ignorance des lettres avait apporté non seulement à la République mais aussi à l’Église d’épaisses ténèbres. » Le collège était en lieu sain, au bon air, et on y entendit de doctes professeurs en langue hébraïque, grecque et latine.

Telle était la famille chrétienne que l’on aurait pu retrouver aussi bien chez M. d’Andelot, chez Odet, que chez la comtesse de Roye, Claude de Rieux, ou bien chez le comte et la comtesse de La Rochefoucauld. Ainsi vivaient les Soubise, les Rohan, les Croy, les Crussol, les Montpensier, les Seninghen. Même après la conspiration d’Amboise, exécutée sous la direction du chef muet qu’avait été cependant Condé, l’amiral demeura aussi tranquille que religieux. Dans son avis à Catherine de Médicis, recueilli par La Planche, il protesta surtout contre l’intrusion d’étrangers dans notre politique. Ces étrangers étaient les Lorrains et les Guises. Un bon édit permettrait à chacun de vivre en repos dans sa maison. Tel était le vœu, en attendant un libre Concile, que l’amiral formulait pour « empêcher une grande sédition. » Au colloque de Poissy, on retrouvera l’amiral, recevant les envoyés allemands, parlant comme un véritable ministre, disant qu’il consacrait l’énergie de son âme pour avancer le règne de Jésus-Christ.

Cette modération avait trouvé sa récompense dans l’édit de janvier 1562, autorisant la coexistence des deux religions. Co. ligny avait naturellement donné le conseil d’obéir à l’édit. Catherine de Médicis soutenait en revanche l’amiral dans ses démêlés avec les Espagnols, à propos des pirates. Elle reconnaissait officiellement les services rendus au roi et à la tranquillité du royaume par le neveu de Montmorency. Le massacre de Vassy, qui est la provocation des Guises, avait amené la résistance organisée des huguenots sous les armes et leur réunion à Meaux sous le prince de Condé. Le projet était de