Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/360

Cette page n’a pas encore été corrigée
346
CATHERINE DE MÉDICIS

laient les Guises aventuriers… L’amiral était avec les Montmo rency pour une garde sérieuse montée sur le Rhin ou dans les Flandres, partisan de respecter le serment prêté. Gaspard de Coligny n’aimait déjà pas François de Guise… Pour la première fois, il avait quitté la cour et regagné Châtillon. C’était pour remonter bientôt en Picardie, attaquer Douai et prendre Lens. Les Impériaux se concentraient avec le duc de Savoie et Philippe II. Coligny tiendra dans Saint-Quentin pour le salut de la France. Les villages flambaient aux alentours : 1200 hommes contre 56.000 impériaux ! Son frère d’Andelot rentra dans Saint-Quentin. Cependant l’armée de secours, chargée de débloquer la place et commandée par le connétable, fut écrasée. Regem habemus fut sa réponse à l’invite de se rendre : mais l’amiral devait tomber, lors d’une attaque par surprise, entre les mains de Francisco Diaz, capitaine espagnol, et du duc de Savoie (août 1557). L’horrible assaut donné par les Allemands et les Anglais à Saint-Quentin, le feu, le pillage, le massacre : 3500 femmes en chemises, évacuées, les jeunes un enfant dans les bras, les vieilles du sang dans leurs cheveux blancs… les hommes, des cadavres en tas voilà ce que vit Philippe II entrant dans la ville. C’est la victoire de Saint-Quentin, gagnée le jour de saint Laurent, dont l’ex-voto sera l’Escurial, Coligny fut emmené prisonnier au château de l’Ecluse. Quel drame intérieur se déroula dans la solitude de la prison, après cette maladie qui suivit les quarante jours de fatigues et d’émotion du grand siège ? L’amiral avait demandé la Sainte Écriture, dont il attendait consolation et soulagement de ses ennuys ». C’est ici l’angoisse et le retour classique à la vie intérieure qui font que tant de prisonniers ont gravé sur les murs de leurs cachots les versets de la Bible. Sans doute, l’amiral y est mieux préparé qu’un autre. Car la mort solitaire de sa mère, Louise de Montmorency, semble indiquer qu’elle appartenait au monde des femmes nobles et réformées de la cour de François Ier. Calvin, à Genève, n’a pas seulement, dans son Institution chrétienne de 1536, mis au monde un exposé de la doctrine répondant aux préoccupations d’une élite, comme semble être l’aristocratie française ; il a dressé la formidable machine à contraindre qui donne satisfaction au prince, au gouvernement, à la féodalité et à la banque. Mais son œuvre, la plus importante sans doute, demeura la direction des consciences, que Calvin assuma, comme