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CATHERINE DE MÉDICIS

de mener l’infanterie à la conquête des Trois Evêchés au voyage d’Allemagne (1552). C’est à cette occasion qu’il fut honoré de « l’état d’amiral de France », et fut chargé de ramener son armée pour couvrir et défendre la Picardie : ce qu’il fit devant Hesdin qu’il foudroya, amenant ainsi la retraite des Espagnols et du duc d’Albe.

Le jeune colonel et amiral avait épousé entre temps Charlotte de Laval, orpheline vivant sous la tutelle des Montmorency, et qui appartenait à l’une des premières familles de France, puisque son frère fut Guy, comte de Laval, de Montfort, sire de Vitré, de Gaure, de la Roche-Bernard, lieutenant-général et amiral de Bretagne. Le brillant d’Andelot, qui poursuivait sa carrière dans l’infanterie, devait épouser l’autre fille de Guy de Laval, Claude de Rieux, marquise de Nesle. L’honnêteté, le sérieux des Châtillons, tout aux joies de la famille et aux devoirs du métier, frappaient les moins attentifs. Chef grave, aimé, obéi sur la seule vue de son signet, Gaspard a la même action sur ses hommes que sur ses tenanciers qui lui doivent des rentes. L’amiral sait « régir ». On le connaissait bien, de Châtillon à Nantes ou à Châteaubriant où il recevait les ambassades anglaises. C’est Gaspard qui avait fait le mariage de Louis de Bourbon, prince de Condé, avec Eléonore de Roye, sa nièce, épouse si sérieuse et accomplie. Le jeune amiral était un homme grave, tout à son dur métier en Picardie, où Charles-Quint donna tant de mal aux Français dans l’hiver de 1553. François de Montmorency avait capitulé à Thérouanne qui fut rasée ; Hesdin tombait aux mains de l’ennemi. Coligny poursuivit jusqu’à Cambrai les troupes de l’Empereur. L’année suivante, Coligny montait à l’assaut de Dinant où, le premier, il planta l’enseigne. Il y fut blessé d’un éclat à la jambe ; à Renty, héroïquement, on le vit se rendre maître du bois Guillaume, ramenant au roi les pistolets de l’Empereur, c’est-à-dire son artillerie. Il avait, une fois de plus, à la tête de 1.200 hommes à pied, chargé la pique à la main, tête baissée, sous l’arquebuserie espagnole. M. de Guise eut cependant l’honneur de la journée. Avec le même sérieux, on le vit parcourir la Normandie, pour les faits de sa charge, et préparer au Brésil une expédition pour ouvrir une contrée à notre commerce, et surtout un asile pour les réformés. Car Nicolas Durant, dit Villegagnon, natif de Provins, qui connaissait la mer, avait donné à l’amiral « une merveilleuse