Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/356

Cette page n’a pas encore été corrigée
342
CATHERINE DE MÉDICIS

lités, l’affirmation du service rendu et de la juste rétribution, son courage à servir et sa loyauté. La paix a toujours régné à Châtillon entre le village avec son église demeurée catholique, et le château devenu huguenot. Cependant la maison de Châtillon est donnée déjà en ce temps-là comme le symbole de la résistance des réformés, un lieu de rassemblement où les catholiques imaginaient, plus qu’ils ne voyaient, des cavaliers venus mystérieusement de chez nous ou d’ailleurs prendre un mot d’ordre. Et parfois, au dire de don Francès, ces cavaliers étaient au nombre de plusieurs centaines, ce qui suffit à inquiéter le gouvernement, à faire trembler d’effroi le peuple catholique. Il faut connaître l’amiral qui va sortir de sa retraite de Coligny pour proclamer son innocence, qui fut bon français, royaliste dans l’âme, fort honnête homme, avec cet esprit chrétien et religieux commandant vraiment le respect. L’amiral, un gentilhomme, dont la fonction est de servir, se montre, non sans raffinement dans le luxe de son costume à l’élégante collerette, avec des bijoux de choix, et son bonnet omné. Le royaume de ce grand terrien, l’amiral, c’est la mer, tandis que son frère, M. d’Andelot, commande l’infanterie. La royauté de cette mer, qu’il semble plaisant de contempler des bords du Loing, l’amiral l’a maintenue avec énergie, avec désintéressement. Il y rencontra l’Espagne, comme sur la terre des Flandres, sur presque tous les chemins de sa vie et les détours de sa conscience.

Les trois frères, les trois Coligny, sont le cardinal qui a un tel amour des lettres, M. d’Andelot qui a l’honneur de commander les fantassins, l’amiral qui assure la défense des places de Picardie avec Condé, celle des forts : ce sont les Châtillons, remparts de l’esprit et de la patrie ¹. Et les Châtillons demeurent les « chers neveux » d’Anne de Montmorency, leur « plus que père ». Rien n’est plus noble, et par le sang et par le cœur. La maison de Châtillon a donné un évêque duc de Laon, saint Urbain II pape, et saint Charles de Châtillon, duc de Bretagne et comte de Penthièvre, celui qui délaissa le premier les armes de Châtillon 1. Ce sont là des idées exprimées par Ronsard dans les Hymnes de 1555. Ces vers furent retranchés de son œuvre en 1560. D gitized by