Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/353

Cette page n’a pas encore été corrigée
339
REGARDS VERS LA FRANCE

qui se proclament catholiques chantent les Psaumes, car elles disent que leur mélodie est douce, >> Au sujet du conseil privé ou de justice, l’ambassadeur avait déjà écrit à Philippe II : « Il y a là quelques personnes constantes et de bien, mais la majorité est abominable pour la religion, divisée et pervertie ; on ne parle au conseil que des armes, de ses rancunes personnelles, de ses propres exploits. Il est vrai que tout le royaume ne parle que de cela. » Don Francès donnera en fin son opinion sur l’armée, qui est d’un humour méprisant : « Les gens d’armes sont bien traités, car en somme ils mangent aux dépens de la pauvre gent ». On est en train de négocier avec eux pour qu’ils acceptent six paies, au lieu de douze ou de quatorze qu’on leur doit. Pour le service sous le drapeau royal, ils ne manquent pas de rallier leurs chefs hérétiques aussitôt qu’ils les rappellent : « Dans les compagnies commandées par les catholiques il y a autant d’hérétiques que dans celles commandées par les huguenots ». La garde à pied du roi lui semblait bien armée ; les gens des garnisons étaient à ce qu’on disait mal armés et mal payés. On cherchait cependant à résoudre cette question de la solde. Quand un royaume se décompose de la sorte, les brigands et les voleurs commencent à opérer ; entre Orléans et Paris, sur les routes on avait pillé et tué de nombreuses personnes. Ce que don Francès écrivait encore à Philippe II pouvait sembler non moins grave. Le 18 de ce mois (novembre 1565), l’amiral avait reçu l’avis que le cardinal de Lorraine et M. d’Aumale devaient se rendre à la cour. Aussitôt il avait prévenu Montmorency. Tous les deux, avec leurs forces de trois mille chevaux s’étaient rencontrés à Melun, les uns disent parce que MM. d’Aumale et Lorraine devaient passer par là. On y expédia M. de Rambouillet, n’osant y envoyer un catholique. A la fin, Montmorency et l’amiral étaient rentrés chez eux. Le cardinal de Guise et le marquis d’Elbeuf ¹ avaient reçu l’ordre du cardinal de Lorraine de ne plus négocier avec le prince de Condé, car il venait de se marier avec une hérétiquet La

situation paraît bien dangereuse. La reine-mère s’en montre bouleversée. On avait assuré à don Francès qu’en sortant de 1. Le commandant des galères, catholique.