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CATHERINE DE MÉDICIS

Le roy s’en va en son Plessis esbatre Pour voir le cerf et la bische courir : Mais il a veu son royaulme debattre, Il le veult voir maintenant refleurir ! C’est un fait qu’à Tours même, au cœur de la France, des « débats » avaient sévi. L’Eglise de Tours, suivant Bèze, comme un enfant pouvant avorter à sa naissance, était née en 1556 d’un riche bourgeois de la ville nommé Bédoire qui protégea les premiers prêches. Des ministres de Genève, Lancelot et Rouvière, bons jeunes gens, s’y installèrent. Mais Bédoire ne les agréa pas, et tout le fruit se perdit.

En 1560, Richelieu dit le Moine, Antoine du Plessis, capitaine catholique, tenait garnison dans la ville suspecte, avec ses arquebusiers à cheval, agents provocateurs, qui avaient devancé le roi en 1561. Antoine du Plessis chanta un soir des Psaumes pour faire sortir ceux qui pratiquaient la foi nouvelle et les rallier : préve nus par les magistrats municipaux, les réformés restèrent prudemment dans leurs maisons. Alors du Plessis chanta des chansons dissolues pleines d’injures contre le roi, la reine-mère et les Guises. Mais personne ne bougea davantage. Un Pierre David, apostat, prêchait cependant à Tours après le colloque de Poissy. Quelques impatients, parmi les réformés, étaient assez nombreux et puissants pour s’emparer, en 1561, du couvent des Cordeliers. On vit même à Pâques, dans la ville volage, quelques esprits former une assemblée qu’ils nommaient « Académie », où il était loisible, même aux femmes, de proposer telles questions que bon leur semblait. La chose passa vite ! Mais aux Cordeliers, on continua de prêcher en public ; et lorsque fut publié l’édit de janvier, on abandonna les Cordeliers pour prêcher uniquement hors des murailles de la ville. Tours était demeurée assez tranquille, jusqu’à la venue de M. de Montpensier qui suivit le massacre de Vassy. Puis la ville était tombée entre les mains des triumvirs (vers 1561) ; alors les marchands réformés s’étaient réfugiés à Montargis chez la bonne duchesse Renée de Ferrare. La ville de Tours, jusqu’alors en paix, fut occupée avec soixante chevaux au mois de mars, par Montpensier, durant le carême. Le boucher qui vendait de la viande fut roué de coups et on jeta sa chair dans la boue. Le même sort était promis à ceux qui D gitized by