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À CHATEAUBRIANT

L’ENTRÉE A TOURS L E mercredi 21 novembre, Charles IX montait à cheval pour regarder le défilé des compagnies de la ville de Tours où il devait faire son entrée. Mais il rentra coucher au Plessis. Au confluent de la Loire et du Cher, dans le jardin de la France, s’étendait la ville élégante, aux rues longues et propres, avec leurs maisons coiffées d’ardoises. Le commerce de la soie, de la laine et des armes y était florissant. Partout, dans la banlieue, des vignes, des jardins, des prés, des fleurs jusqu’en cette arrière-saison. C’est précisément, dans cette banlieue de Tours que résidait à Saint-Cosme, Pierre de Ronsard, entré en son automne. Avec quelle joie il reçut la reine-mère pour laquelle il avait écrit ses admirables Discours sur les misères de ce temps. Le poète lui présenta, ainsi qu’à ses enfants, des fruits : Car tous voz jours nous servent d’un automne ! Et Ronsard saluait dans Catherine de Médicis celle qui avait anéanti, croyait-il, la guerre et la discorde. Au roi adolescent, le poète rappelait que le grand Hercule avait daigné loger chez un pasteur. En vérité, les Muses amenaient chez lui la famille royale : à l’enfant, ravissant d’espièglerie et d’intelligence qu’était Henri, et qui donnait, avant son printemps, sa fleur, le poète disait : Voicy le lieu des peuples séparé Mal accoustré, mal basti, mal paré : Et toutefois les Muses y demeurent, Et Apollon de lauriers revestu, Qui vont gardant que les princes ne meurent Qui, comme vous, ont aimé la vertu ! D gitized by