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À CHATEAUBRIANT

vostre justice : et toutefois c’est la chose qui plus vous faict regner. »

L’échevin disait le Français de son naturel « fort religieux, fort cérémonieux et d’ailleurs non pas si lourd et constant aussi qu’un Lacédémonien pour ne se remuer pas facilement et endurer une bigarure en choses qui le touchent jusques au cœur… » Très au fait de la jurisprudence, attaché à ses pratiques, l’échevin déplorait le peu de cas que l’on faisait alors de la justice. De cet abandon de la « justice roide », qui maintient seule une monarchie, était sortie la pratique de tuer et de massacrer ! Le devoir du roi était de remédier à ces désordres. Car sa vie doit être un exemple, une censure perpétuelle. Ayant fait l’éloge du jeune roi, l’orateur prononçait celui de Catherine de Médicis, « si sage, si prudente mère, si bien avisée au maniement des affaires ». Dans la ville d’Angers, Charles IX ne trouverait que fidélité, même s’il usait plutôt du bras gauche que du droit, c’est-à-dire de la douceur plutôt que de la force : « Elle vous jure, et au Dieu vivant, que vous n’y trouverez pas de faute : espérant aussi et attendant de vous ce serment réciproque que doibt le seigneur à son sujet ». En ce paisible Anjou, terre qui vous désire, comme disait au roi la jeune Astrée de l’âge d’or, la belle formule du serment réciproque fut de la sorte invoquée. Et l’Académie d’Anjou harangua dans un beau latin Michel de L’Hospital, le chancelier, auquel la France devait rendre hommage puisqu’il portait un esprit de justice brûlant de conserver la patrie… Le roi monta vers Saint-Maurice où l’attendait le clergé, laissant voir sa bonne grâce. Car il sourit en regardant les colonnes, les décorations des carrefours, des places et des rues. Comment aurait-il accueilli autrement la harangue d’un petit enfant de deux ans, un précoce orateur ? Car il représentait la Justice, tenant d’une main la balance, et de l’autre, l’épée. Mais Charles admira, sous la Porte Chapelière, le tableau où l’on voyait Hercule tuant un cerbère enchaîné, entre des colonnes symbolisant la vertu du jeune roi.

On quitta Angers, après déjeuner, le 7, pour coucher au Verger où l’on passa la journée du 8 chez le prince de Guémenéé qui avait un fort beau château. Ce prince est Louis de Rohan, comte de Montbazon, grand seigneur de Bretagne, mais aveugle. Le venD gitized by