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CATHERINE DE MÉDICIS

perte de trente-huit mille hommes. Cette nouvelle le rend si heureux que le roi fait faire un grand feu de joie. On fêta ensuite la Toussaint avant de gagner Angers. Le 2 novembre, on déjeunait à Bourg-Delbret et l’on couchait à La Mothe, petit château au milieu d’un bois. On descendait maintenant vers la Loire. On traversa Candé et le Louroux-Béconnois où l’on coucha le 4. Le lendemain on déjeunait à la Touche-aux-Anes et le soir on arrivait à Angers. Charles IX gagnait l’abbaye de Saint-Nicolas, dans les faubourgs ; puis il faisait son entrée dans la ville, après le déjeuner. Angers, c’est la grande ville, avec son vieux château, qui commande la Mayenne, l’antique forteresse de la maison d’Anjou et du roi René. Que d’églises, que de tours ! « Basse ville, hauts clochers, riches prostituées, pauvres écoliers », dit le vieux dicton qui la caractérise.

Ici nous sommes dans l’apanage du frère du roi. Depuis plusieurs mois, Angers s’apprêtait à fêter Charles IX. Les lettres de Henri, duc d’Anjou, demandaient aux échevins que l’on fit disparaître toutes les traces de la guerre civile. La revue de la garnison et des habitants fut passée du haut d’une estrade dressée devant Saint-Nicolas, où un docteur de l’Université et un échevin haranguèrent Charles IX (le 6 novembre). Le

discours de l’officier municipal fut tel. Il débuta rondement, car au sentiment du peuple, « peu instruict es bonnes lettres », toutes les harangues aux entrées royales revenaient à dire : soyez le très bien venu ! Mais le sens de l’entrée dans les villes lui semblait plus profond : n’était-ce pas l’entrée dans le cœur, les pensées et affections de ses sujets ? Et venant à la raison même de ces harangues, l’orateur déclarait que c’était une manière pour le roi d’entendre en personne les remontrances de son peuple : « Voicy ce que vostre ville ose prendre la hardiesse de vous remonstrer : c’est le mal, l’incommodité que nous sentons et prévoyons pouvoir tourner à une confusion et changement d’estat pour la diversité des religions et pour la nécessité du temps que vous tollererez. Le second, c’est le mespris, le contentement, le peu d’auctorité où nous voyons estre 1. La Touche, sur la carte de Cassini, non loin des Landes d’Asnières. D gitized by