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À CHATEAUBRIANT

Le connétable avait donné Metz à la France. Peut-être, s’il eût vécu, bien que catholique, eût-il évité la tuerie de la SaintBarthélémy où tombèrent les siens. Alors il vieillissait déjà, sans appétit. Les rides sillonnaient ses traits de paysan ; l’âge épaisissait ce gros nez de race, qui l’avait fait nommer le camus de Montmorency, l’homme au grand front plissé, aux petits yeux louches. Six blessures, les unes graves, dont il se remit toujours. La septième aura raison de ce grand corps vigoureux à la rencontre de Saint-Denis (1567). Elle sera double d’un coup d’épée, qui lui cassa la mâchoire, d’un coup de pistolet qui lui logea une balle près de l’épine dorsale. Alors le « cœur de trois rois » cessera de battre ¹. C’est pendant le séjour de Charles IX à Châteaubriant que des commissaires furent désignés pour rétablir la religion catholique à Blain, et donner aux réformés de Nantes un lieu pour les assemblées. Le vicomte de Martigues, de la maison de Luxembourg, avait succédé comme gouverneur de Bretagne à son oncle, le duc d’Étampes, qui s’était montré un catholique si modéré, et épris de réformes. La reine-mère avait donné les plus grands conseils de modération, et l’exemple du défunt, à M. de Martigues. Mais ce seigneur, suivant une ascendance agitée, était un homme dur. C’est lui qui pendant une campagne en Normandie étrangla de sa jarretière un huguenot qui refusait de se confesser ; et il ne se privait pas de violer les jeunes filles réformées. A peine gouverneur de Bretagne, M. de Martigues devait former une ligue contre le connétable de Montmorency et ses neveux les Coligny. C’est la première ligue de Bretagne, connue par une lettre interceptée adressée au duc d’Aumale. Alors la reine-mère lui avait dit qu’il aurait eu vraiment intérêt à être « aussi estimé et aimé de tout le monde », comme était le saint homme et libéral comte d’Étampes, l’engageant à faire observer les édits du roi et à a faire vivre un chacun sur la liberté d’iceux ».

C’est à Châteaubriant (le samedi 20 octobre) que Charles IX apprit que les Turcs avaient abandonné le siège de Malte qu’ils tenaient depuis quatre mois, et qu’ils s’étaient retirés avec une 1. Le Connétable avait alors soixante-quatorze ans. D gitized by