Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/334

Cette page n’a pas encore été corrigée
320
CATHERINE DE MÉDICIS

souvenir de Charles le Grand, les titres de la maison de Lorraine, sont à leurs yeux une fable, digne de rejoindre la geste oubliée de Charlemagne. Eux, instinctivement, ils se rangent autour de Capet qu’ils ont élu et dont le roi est l’héritier, leur maître et leur homme. Les Espagnols, ennemis de la nation française qu’ils entendent diviser pour l’annihiler, le savaient bien. Le cœur catholique du connétable est avec les Bourbons, même huguenots, avec les Châtillons, ses neveux, acquis à la modération, pas à la guerre civile.

Les Lorrains demeureront des étrangers au royaume. De là la remise du jugement obtenu par Montmorency, « second père et le plus cher oncle », en faveur de Gaspard de Coligny dans le meurtre de François de Guise ; son indulgence même pour Odet, l’évêque de Beauvais, qui veut contracter mariage et que le pape doit excommunier. De là le respect porté à Condé, qui ne le méritait guère, mais qui était Condé, le sang royal de Bourbon, et le voisin du baron de l’Ile de France, comme gouverneur de la Picardie ; la femme de Condé, c’est Éléonore de Roye, le sang magnifique et ardent des Mailly ; et le beau-frère est La Rochefoucauld. Tous les Bourbons de la Réforme, et ceux de la branche cadette de Montpensier, le prince de la Roche-sur-Yon, ont un ami dans Montmorency. Il a dans sa clientèle les Croy, les Luxembourg, les Rohan, les La Marck, les Gouffier. On se souvient qu’Anne de Montmorency avait épousé Madeleine de Savoie, épouse sage et vertueuse, une princesse d’un autre âge, si française de cœur, pure, simple et catholique ; elle veille tendrement sur les infirmités du vieil époux ! L’aîné des frères de la connétable est le comte de Tende, gouverneur de la Provence. Un autre beau-frère d’Anne de Montmorency est Honoré, marquis de Villars, lieutenant du Languedoc. Une sœur de Madeleine de Savoie est mariée à Antoine de Luxembourg, comte de Brienne, premier duc et pair. D’autres parents de sa

sont les du Bouchage dont la race e confond avec la diplomatie française. Que dire de l’amour qu’Anne de Montmorency a porté à ses enfants cinq fils, sept filles !

L’aîné est François de Montmorency, né en 1530, qui a donc trente-cinq ans, l’héritier du nom, M. de Montmorency, comme on l’appellera sans plus courageux, bon soldat, maréchal de D gitized by