Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/333

Cette page n’a pas encore été corrigée
319
VERS LA BRETAGNE

a A CHATEAUBRIANT,

CHEZ M. LE CONNÉTABLE. VERS ANGERS ONSIEUR le Connétable », bien qu’il n’ait pas d’autre M nom, est chef de famille, représentant des Montmorency et protecteur des Châtillons. C’est là le drame de l’ancienne France devant le roi et le pays. Car la lutte des familles, des « <lignées » comme on disait, pour leur avancement, qui remplit la geste de France, demeure en grande partie l’histoire de la France, avec celle de l’héritage qui s’y rattache. Anne de Montmorency a une situation personnelle à défendre, de même que son office en fait le soutien primordial de l’État avec le chancelier. Le chef de l’État était toujours la reine-mère, bien que la majorité de Charles IX eût été prononcée. Mais s’il était arrivé que Catherine de Médicis décédât, Anne de Montmorency, par les Châtillons, pouvait dominer la France, et même la gouverner à la huguenote, c’est-à-dire au fond suivant les principes voisins de la féodalité, avec ses discussions publiques, les clans et les cercles militaires, sous la prééminence de Dieu : « Dieu premier servi », comme disait déjà Jeanne d’Arc. Le cœur d’Anne de Montmorency, féodal et baron catholique, demeure avec les Châtillons. Et le cœur des Montmorency, c’est Paris et l’Ile de France, cette Ile de France que l’on nommait alors la France. Un grand baron comme Montmorency, prince du sang royal, un Bourbon n’admettront jamais les prétentions de petits seigneurs, de tard venus, comme les Guises, des parvenus tendant à une usurpation, suivant eux, tyrannique du contrôle de l’État, sous le couvert de la religion. Ce contrôle appartient au sang, à la lignée dans un office de famille. Le CATHERINE DE MÉDICIS

21 D gitized by