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CATHERINE DE MÉDICIS

progrès que la messe avait été abolie dans ce dernier bourg, pour être rétablie seulement deux ans après (1564-1566). Telle était la situation en Bretagne, qui ne manquait pas, on le voit, d’intérêt pour la reine-mère. Mais si à Nantes, on avait passé trois jours, on allait en partir le 15, pour retrouver la maison solitaire de la Galochette près du château de Joué ; le lendemain on traversait Moisdon pour arriver à Châteaubriant, le beau château du connétable où l’on devait séjourner dix-huit jours et solenniser la Toussaint. Anne de Montmorency, qui tenait son prénom de sa marraine, Anne de Bretagne, s’était installé en Bretagne. Il voulait être le plus grand propriétaire terrien de France, comme il était le premier gentilhomme et baron chrétien. Grand diseur de chapelets, bon soldat, le connétable faisait tout avec conscience ; le capitaine « brûle bancs », comme le désignaient les huguenots, lorsqu’il détruisit les temples. Grand rabroueur » de personnes au conseil, Anne de Montmorency nommait volontiers les autres : ânes, veaux et sots. A dire vrai, le connétable se montrait prudent dans la conduite des affaires de l’État, calme et fort dans les combats. Il passait alors pour le Nestor des Français, arrivant justement à sa soixante-douzième année. La France lui devait Metz ; et ce « bon vieillard » avait fait peindre ses conquêtes dans sa galerie de l’hôtel de Montmorency à Paris. Chantilly, Écouen, Montmorency, l’Isle-Adam disaient sa gloire. Mais le connétable avait aussi une manière à lui de faire des conquêtes, et d’agrandir son bien à la paysanne, épargnant celui de ses maîtres, les rois. Il se faisait donner les biens de ceux à qui il procurait des honneurs. Ainsi advint-il à Philippe de Châteaubriant, qui lui avait cédé sa belle maison pour recevoir l’Ordre de Saint-Michel. Ce genre de profits n’était pas du moins aux dépens du peuple ! Chez le connétable, on admirait encore la discipline qu’il avait su imposer aux armées, à tous ceux qu’il passait en revue. Et Catherine enfin aimait les entretiens de son « compère ». Il faisait bon les voir au souper où Montmorency ne mangeait jamais, ne dînant pas, mais écoutait aussi bien que la reine, il savait dire le mot pour rire !