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VERS LA BRETAGNE

à la huguenote, c’est-à-dire en chantant en français les Psaumes de Marot.

Au château de Blain, vivait la vicomtesse de Rohan, Isabeau de Navarre, fille de Jean d’Albret, roi de Navarre, et tante de Jeanne d’Albret, qui partageait sa foi. Ainsi Nantes et Blain avaient accueilli les ministres. Au Croisic, on vit se développer une nouvelle église, comme à Vitré. Chanter les Psaumes, servir son roi, vivre dans la liberté de sa conscience, dans la sécurité de sa croyance apparaissait à M. d’Andelot autant d’articles de son ardente conviction. Arrêté au temps des premiers troubles, il voulut rendre son collier de Saint-Michel. Mais il entendit apparemment une messe, et M. d’Andelot rentra dans ses charges et ses biens. Depuis 1559, on avait célébré la Cène à Rennes, qui eut pour ministre Gravier. C’est en Bretagne sur la côte de Rais, après la répression d’Amboise, qu’on vit s’embarquer les huguenots désespérés pour passer dans les pays étrangers. C’est en Bretagne que nous avons déjà rencontré les corsaires qui inquiè teront beaucoup Philippe II avec leurs entreprises sur les Indes.

A Rennes, rixes, violences entre huguenots et catholiques se succédaient à propos des processions. A Châteaubriant, le Calvinisme fut apporté par les deux ministres de M. d’Andelot ; et la vicomtesse de Rohan obtint la liberté de conscience pour elle et sa maison. A la Roche-Bernard, M. d’Andelot installa le ministre Louveau. Me d’Andelot, qui était grosse, devait décéder le 5 août 1561 dans les bras de son époux, entourée de l’affection des deux noblesses, la catholique et l’huguenote, mais dans les sentiments de la pure foi calviniste. Le ministre Louveau, qui l’avait exhortée à la mort, porta à Nantes la nouvelle religion, dans les faubourgs. Un synode fut tenu en 1561 à Châteaubriant, un autre à Rennes. Une petite guerre latente s’éleva à Nantes entre les deux parties. La Bretagne était entrée, comme le reste de la France, dans la guerre civile après Vassy, et les églises réformées se déclaraient solidaires. En 1562, ils étaient deux ou trois cents réformés réunis à Nantes dans la maison de l’apothicaire Pineau. Ils voulaient une église paroissiale. La prise du Havre, la menace de rupture avec l’Angleterre, amenèrent officiellement l’encouragement à la piraterie. Et c’est un fait reconnu que les réformés en Bretagne avaient réalisé à Nantes, et surtout à Blain, de tels D gitized by