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CATHERINE DE MÉDICIS

suivaient Anne de Montmorency qui y était chez lui, comme les Châtillons 1.

Au moment où Catherine de Médicis et Charles IX entraient en Bretagne, il y avait seulement trente-trois ans que cette fière et dure province avait été réunie à la couronne (1532) par le don qu’en fit Claude de France, fille aînée de Louis XII et d’Anne de Bretagne, à François Ier son époux. Que de soucis le duc de Bretagne avait donnés au roi de France son suzerain ! La prestation du serment s’accompagnait de protestations renouvelées à chaque règne. Et depuis le xive siècle, et la mort du duc Jean III, ouvrant une querelle au sujet de l’héritage, on avait vu la maison de Montfort prêter serment au roi d’Angleterre, et la Bretagne demeurer en grande partie, sous le contrôle de ce pays. Les relations de commerce rapprochaient Bretons et Anglais. Le duc de Bretagne, au temps de Louis XI, avait été le plus souvent l’allié du duc de Bourgogne, et sa cour un foyer de conspirations, d’intrigues, visant à l’autonomie de la province. Charles VIII, Louis XII avaient fini par « épouser la duchée » en épousant la duchesse Anne. François Ier avait continué le nécessaire sacrifice en s’unissant à Claude. Mais la Bretagne demeurait ce qu’elle fut toujours : libre, rétive, audacieuse et fidèle. Il est curieux de penser que la Bretagne, où nous avons vu le plus solide dépôt de la tradition catholique, s’est montrée au fond toujours extrêmement féodale, c’est-à-dire liée à ses hommes, et protestataire, c’est-à-dire fidèle à tous ses instincts de liberté.

M. d’Andelot, François de Coligny, le frère de l’amiral, avait épousé Claude de Rieux, héritière de la terre de Montfort en Bretagne, et descendante de la plus ancienne et de la plus riche famille du pays, après celle des ducs. Claude de Rieux avait épousé aussi la foi du seigneur d’Andelot, le colonel de l’infanterie, et se montra la plus sincère des réformées. C’est ainsi que M. d’Andelot avait installé à Nantes un ministre venu de Neufchâtel. Partout où François de Coligny résidait, on prêchait et l’on priait 1. Plus tard, en 1576, dans l’information que donnera sur la décomposition de notre pays un successeur de Francès de Alava, l’ambassadeur Diego de Zuñiga annoncera que la Bretagne allait se détacher de la France pour former le fief de Montmorency. D gitized by