Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


I

CATHERINE DE MÉDICIS, ARBITRE AU MILIEU DES PARTISANS



Il faut montrer la reine-mère, Catherine de Médicis, en cet instant où elle va entreprendre à travers le pays son tour de France.

Ce n’est pas un voyage d’agrément, certes, mais une grande tournée d’inspection au cours de laquelle elle désire produire son fils, Charles IX, qui vient d’avoir quatorze ans. Catherine de Médicis verra le plus de gens possible, les Parlements, se rendra compte par elle-même de la manière dont est appliqué l’édit du 17 janvier 1562, qui a donné aux réformés leur statut légal et le droit de tenir des assemblées hors des villes fortifiées.

La reine, accompagnée de son conseil, du connétable Anne de Montmorency, du chancelier Michel de L’Hospital, veut juger de l’état des forces en présence, celles des catholiques, que leurs adversaires nommaient encore « papistes », et celles des réformés, des « hérétiques », comme disent leurs antagonistes, pratiquant la « nouvelle religion », partageant la « nouvelle opinion ». Longtemps on les avait appelés les luthériens, bien qu’en fait ils fussent rattachés à Genève, soumis à la direction morale et ecclésiastique de Calvin. On commencait alors à les nommer huguenots, déformation d’un mot allemand signifiant les confédérés.

La reine-mère désire non seulement voir le pays et montrer son fils aux Français, mais encore rencontrer sa fille, Claude, mariée au duc de Lorraine ; et elle espère pouvoir parler directement à son gendre Philippe II, sans le truchement des ambassadeurs, qui sont trop souvent des espions ; ils paraissent bien, en